Il se surnommait lui-même "militant de l’information". C’est comme cela que Camille Chauvet aimait se présenter à ses invités et à ses amis.
Directeur de publication du journal le Naïf pendant plus de 20 ans, sa plume était incisive. Et ses propos acerbes sur le web, à la radio ou à la télévision, ont marqué, voire choqué une partie de l'opinion.
Camille Chauvet a beaucoup aimé la politique...à sa façon. "Je veux défendre des idées de gauche mais pas de cette gauche qui se définit comme une nouvelle droite", lançait-il dans les années 90.
"Je suis un soldat de Serge Letchimy"
En 1994 il se présente aux cantonales à Fort-de-France sous l’étiquette divers gauche. En 2010, il est élu conseiller régional avec le Parti Progressiste Martiniquais (PPM). Il devient président de la commission SAR (Schéma d'Aménagement Régional). Depuis cette période, il déclare : "je suis un soldat de Serge Letchimy" (président de l'ex Conseil Régional entre 2010 et 2015).
Il fut un fervent défenseur des anciens dirigeants du Céregmia (Centre d'Étude et de Recherche en Économie, Gestion, Modélisation et Informatique Appliquée), qui ont été mis en examen pour détournements de fonds publics à l'Université. En marge de cette affaire, Camille Chauvet a été condamné par les tribunaux en 2017, pour diffamation et injures publiques envers Corine Mencé-Caster, l’ancienne président de l’Université des Antilles, .
Docteur en histoire, professeur d’histoire, entre autres au lycée technique à Fort-de-France, Camille Chauvet avait 73 ans.
Les réactions
J’ai perdu un ami, un frère, un combattant. Pas n’importe lequel. Un enfant de « bô kannal », un passionné, qui a lutté pour la reconnaissance de la Martinique en tant que Nation. Un militant de valeur qui brillait par ses idées inflexibles et ses prises de positions anti-colonialistes. Sa plume incisive, sa maitrise de la provocation et de la contradiction, ses qualités d’orateur lui ont permis de devenir une figure incontournable de la presse, de l'histoire et de la politique martiniquaise. La Martinique perd aujourd’hui un de ses meilleurs fils, qui lui a témoigné durant toute sa vie un amour viscéral et inconditionnel. Camille, avec ton départ, je perds un membre de la famille progressiste sur qui j’ai toujours pu compter. Je n’oublierai pas ton sourire, tes plaisanteries, ton caractère volcanique et tes précieux conseils. Les vrais amis sont comme les étoiles, même si on ne les voit pas, nous savons qu’elles sont là. Camille, la mort ne t’a pas emporté, elle a simplement multiplié ta mémoire en chacun de nous. Repose en paix, mon ami.
Serge Letchimy, Président du Conseil Exécutif de la CTM
Interrogés : Louis Singamalon (ami), Luc Reinette (militant indépendantiste guadeloupéen), Victor Jean-Baptiste (ami d'enfance), Catherine Conconne (Sénatrice) et Serge Letchimy (PCE, Président du Conseil Exécutif de la CTM).
Je salue la mémoire de Camille Chauvet, historien, militant politique, militant sportif. Au début des années 1970, étudiant sur le campus de Fouillole en Guadeloupe, Camille Chauvet a porté son soutien aux ouvriers de la canne en grève à l’appel de l’UTA (Union des Travailleurs agricoles), son soutien aux paysans pauvres au sein de l’UPG (Union des Paysans de Guadeloupe). Ces luttes de masse annoncent la création de l’UGTG et des grandes mobilisations pour une amélioration des conditions de vie des ouvriers en Guadeloupe comme en Martinique. Je pense à Chalvet 1974. Camille Chauvet a porté sa contribution à l’éveil de la conscience martiniquaise au cours des années 1970-1980.
Marie-Hélène Léotin, historienne, ancienne conseillère exécutive