"L’industrie est le moteur du développement de tout pays. L'industrie martiniquaise ne cesse de se développer pour y contribuer. La production locale a un bel avenir devant elle". Voici résumé, en trois axiomes, l’état d’esprit de celles et ceux qui ont investi leur argent, leur intelligence, leur talent et leur détermination dans ce secteur.
L’industrie martiniquaise représente environ 13% des emplois et 15% de la production intérieure brute annuelle. Elle est appelée à se développer selon les besoins des consommateurs qui ne se satisferont pas éternellement des produits importés. Surtout si leur équivalent est fabriqué sur place, ou pourrait l’être. Dans notre histoire, la production de sucre et de rhum a fortement contribué à l’expansion économique de la colonie.
Au fil du temps, l’industrie s’est diversifiée, surtout ce dernier demi-siècle. En 1970, le Conseil général décide de modifier les modalités de l’octroi de mer qu’il perçoit pour favoriser la production locale. Le moyen ? Imposer une taxe sur les produits importés qui pourraient être élaborés sur place. Cette décision politique de longue portée permet jusqu’à aujourd’hui aux entreprises industrielles de bénéficier de ce dispositif incitatif.
Remplacer les importations par la production locale
Ainsi, la confiture de fraises ne supplante pas la gelée de goyave ; l’eau en bouteilles venue d’ailleurs est aussi chère que celle de nos montagnes ; les produits détergents des multinationales sont souvent plus chers que la production locale. Bien sûr, la Martinique ne peut pas produire tout ce dont les consommateurs ont besoin. Le territoire reste fortement dépendant de l’extérieur pour ses approvisionnements.
Ce qui n’empêche pas de fabriquer des produits de substitution aux importations. Une stratégie gagnante portée par les pouvoirs publics et cautionnée par les acteurs économiques. C'est ainsi que s’est diversifiée l'industrie locale dans plusieurs filières : agroalimentaire, chimie, ameublement, imprimerie, métallurgie, matériaux de construction. Sans oublier les secteurs porteurs du numérique et de la transition énergétique. La balance commerciale reste déficitaire, puisque la Martinique achète au dehors cinq fois plus de marchandises qu'elle en produit.
Il existe donc une belle marge de manœuvre. C’est le credo de l’Association martiniquaise de promotion de l’industrie (AMPI). Sa présidente, Josiane Capron, expliquait lors d’une conférence en janvier 2021 que la production locale ne peut que se développer.
L'industrie martiniquaise ne peut que se développer
Ne serait-ce que parce que les consommateurs ont enfin pris conscience qu’elle seule "peut entraîner la Martinique dans un cercle vertueux". L’augmentation de la production entraîne la création d’emplois hautement qualifiés, l’augmentation des revenus tirés du travail et de l’investissement et par conséquent, la stabilité sociale.
Josiane Capron ajoutait que l’industrie est indispensable dans la mesure où "elle valorise des matières premières disponibles sur place, qu’elle offre des produits frais et de grande qualité adaptés au goût des consommateurs locaux".
Sans compter que les entreprises du secteur secondaire "sont à taille humaine", créées par des femmes et hommes du pays démontrant leurs capacités d’adaptation aux aléas économiques, naturels et politiques.
La Semaine annuelle de l’industrie constitue une excellente occasion de rappeler ces évidences. Chacun est appelé à connaître ou à mieux appréhender les singularités de la production locale. Tout le monde en profitera.