L’Outre-mer peu représenté dans le premier gouvernement du second quinquennat

Justine Benin, ministre de la mer, Yaël Braun-Pivet, ministre des Outre-mer et Elisabeth Borne, la Première Ministre.
Le premier gouvernement du second quinquennat Macron est désormais connu. Il est disposé à affronter la prochaine tempête politique qui s’annonce délicate, les élections législatives du mois prochain. A la lecture de la liste des ministres, quelques surprises concernent l’Outre-mer.

La composition du gouvernement provisoire est donc actée. Provisoire car il est chargé de préparer les élections législatives des 12 et 19 juin. Provisoire car il peut être modifié, complété ou dissous, selon les résultats de l’élection des députés. sa coloration politique est tout en nuances du centre-droit au centre-gauche de l’échiquier politique.

Par rapport au premier gouvernement de 2017, l’expérience et la loyauté au chef de l’Etat ont pesé lourd dans la nomination de plusieurs ministres. Les spécialistes d’un domaine côtoient les professionnels de la politique. Les ralliés venus de la gauche et de la droite sont représentés.

Et contrairement au premier gouvernement d’Edouard Philippe, la Première ministre n’a nommé qu’une seule personnalité issue des collectivités d’outre-mer. Il s’agit de Justine Bénin, députée de Guadeloupe, apparentée au Modem, après son élection en tant que conseillère général et conseillère régionale sous la bannière du Parti socialiste. Elle a été remarquée comme rapporteure de la commission d’enquête parlementaire sur le chlordécone, présidée par Serge Letchimy.

Seule personnalité issue de l’outre-mer

Secrétaire d’Etat chargée de la Mer, elle hérite d’un vaste domaine, au sens propre – la France disposant de la seconde superficie maritime mondiale. Au sens figuré aussi – les bénéfices tirés des ressources de l’espace marin restent limités, notamment dans nos territoires périphériques.

La nomination de Justine Bénin signifie qu’il fallait récompenser une fidèle de la majorité et donner des gages au Modem, un allié indéfectible. Mais elle étonne, vu que la députée n’est pas parvenue à faire gagner Emmanuel Macron en Guadeloupe. Comme s’il n’est plus nécessaire d’avoir participé à la victoire du président pour entrer ou rester au gouvernement. La preuve avec Sébastien Lecornu, précédent ministre des Outre-mer.

Le cinglant échec électoral du président, sauf en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie, lui est imputable. Il était chargé de préparer les élections dans nos territoires. Un revers qui lui vaut pourtant une promotion dans l’ordre protocolaire du gouvernement. Ministre des Armées, il passe de la 8e à la 5place. Le président aurait voulu donner un pied de nez aux populations d’Outre-mer qu’il ne s’y prendrait pas autrement.

Des dossiers brûlants en Outre-mer

Sébastien Lecornu laisse des dossiers brûlants à Yaël Braun-Pivet, la nouvelle locataire de l’hôtel de Montmorin, siège du ministère. Avocate de métier, ancienne militante socialiste, devenue dirigeante des Restos du cœur, est la présidente sortante de la commission des Lois. Un poste stratégique occupé par un pilier de la majorité présidentielle, en général. Elle a donc toute sa place au gouvernement.

Nous verrons si elle réussit mieux que ses prédécesseurs natifs de nos pays Marie-Luce Penchard, Victorin Lurel, George Pau-Langevin, Ericka Bareigts ou Annick Girardin. Sans oublier ceux qui, sans être originaires de l’Outre-mer, ont laissé leur empreinte dans ce ministère : Bernard Pons, Louis Le Pensec, Dominique Perben ou Yves Jégo. Nous verrons bien avec le temps.