Une nouvelle crise secoue l’Université des Antilles. Une question se pose en filigrane : cette institution a-t-elle encore un avenir ?
Maintenir l’unité de l’Université des Antilles est-il encore possible ? Les tendances à son effondrement sont telles qu’il est presque illusoire de penser qu’elle peut encore être sauvegardée dans son périmètre actuel. Cette fois, ce sont les méthodes du président de cette institution, le Professeur Eustase Janky, qui sont contestées par une bonne proportion de la communauté universitaire, même si l’intéressé prétend l’inverse.
Aussi bien sur les campus de Guadeloupe et de Martinique, plusieurs syndicats de personnel s’élèvent contre des décisions jugées autocratiques du président. Il est accusé de contourner les instances réglementaires et de prendre des décisions unilatérales. Il lui est reproché d’ignorer les avis des conseils représentatifs des étudiants, des enseignants et des personnels administratifs et techniques.
Ce dont il se défend, s’estimant injustement attaqué par une minorité d’enseignants. Les contestataires s’insurgent aussi contre la volonté du président de fouler au pied l’héritage laissé par les pères fondateurs. Par exemple, la présidence alternée entre le pôle Guadeloupe et le pôle Martinique, une fois sur deux.
Une jeune université en proie à des crises périodiques
Une règle non écrite nourrie par l’intelligence de ceux qui avaient créé de toutes pièces une université englobant les Antilles et la Guyane. Cette disposition n’étant pas inscrite dans la nouvelle loi sur la gestion des universités, il convient de l’abolir, selon le président.
Il y a deux ans, une crise majeure avait prospéré sur l’idée d’un prochain éclatement de l’Université des Antilles. Elle venait d’être amputée du pôle de Guyane, transformé en université de plein exercice. Le temps dira si cette décision, largement formatée par les élus du territoire amazonien, aura été judicieuse. Aujourd’hui, se pose la question de la viabilité et de la crédibilité de l’UA, qui s’enfonce dans une crise ouverte et publique.
Si ce nouvel accès de fièvre n’est pas jugulé au plus vite, notre université risque de devenir encore moins attrayante qu’elle ne l’est déjà. Combien d’étudiants s’y orienteront encore ? Pourquoi des parents y inscriraient leurs jeunes ? Quels professeurs accepteraient d’y travailler ?
Longtemps considérée comme un modèle, l’Université des West Indies continue de rayonner sur la Caraïbe. Pendant ce temps, l’UA est engluée dans des chicanes constituées d’inimitiés personnelles et de décisions mal perçues, dans un climat délétère. La communauté universitaire serait bien inspirée de convoquer son savoir-faire collectif pour éviter le naufrage de l’une des rares conquêtes des peuples antillais de ces dernières années.