Ce cyber-harcèlement, Maureen le vit depuis beaucoup trop longtemps, selon elle. La jeune femme, âgée de 24 ans, est chanteuse. C'est une personnalité publique qui compte plus de 43 000 abonnés rien que sur Instagram. Elle reçoit donc de nombreux messages de fans sur ses réseaux sociaux. Mais depuis janvier 2021, ces envois ne sont pas tous bienveillants.
Tout a commencé sur Instagram. Il faisait des commentaires sur des storys que je publiais. Comme je réponds à tout le monde donc je pouvais dire "merci", mais c'était rare. J'ai fait un seul repartage suite à la diffusion de la vidéo du défilé Mugler [NDLR en avril 2021]. Il avait partagé et j'ai repartagé comme je l'ai fait avec tout le monde. Mais par la suite, ça a empiré. Il envoyait des messages, de nombreux messages auxquels je ne répondais pas. J'en ai eu marre et je l'ai bloqué parce que j'ai trouvé ça très très lourd. Le lendemain, j'ai reçu un e-mail disant qu'il ne comprenait pas ce qui se passait, qu'il était perdu. J'ai supposé que c'était parce que je l'avais bloqué. Puis, suite à cet e-mail est né un véritable harcèlement. Pendant plus d'un an, je recevais des e-mails non-stop. Des messages d'amour, des menaces, des insultes. Je n'ai même pas compris à quel moment c'est devenu une obsession.
Maureen
"Il a perturbé ma grossesse"
Son harceleur semble utiliser des adresses e-mail et des comptes différents. Il envoie des milliers de messages sur Twitter, Facebook, Instagram et par e-mail. Il commente certaines publications de la chanteuse et/ou de ses abonnés. Quand on lui pose la question concernant ses relations avec cet individu, Maureen est catégorique.
C'est quelqu'un que je ne connais pas, à qui je n'ai jamais adressé la parole de vive voix. Je n'ai pas été scolarisé avec lui, ce n'est pas quelqu'un de mon entourage ou de mes fréquentations. Je ne le connais pas.
Mais cette insistance en ligne semble dépasser les frontières du virtuel puisque la jeune femme pense que la personne qui lui écrit, l'épie également.
Il sait exactement où je suis des fois, savais où j'aimais aller. Quand je voyageais, bizarrement, un jour avant ou le jour J, il m'envoyait un avion ou une piste d'atterrissage avec par exemple, la photo de l'aéroport de la Martinique si je revenais sur l'île, ou un e-mail avec un GPS indiqué, comme s'il me piste. Un e-mail me disant "je sais que tu aimes bien aller à tel endroit, quand tu veux, on va prendre un verre".
Nous avons choisi de ne pas diffuser les captures d'écran que Maureen a en sa possession. Certains messages laissent perplexe. Les propos du harceleur sont montés d'un cran après l'incident qui s'est déroulé le 11 novembre 2022 au Domaine des Oasis alors que la chanteuse était sur scène.
Ça a empiré au moment de ma grossesse. J'ai déposé ma première plainte au commissariat avec mon gros ventre. Une semaine après cette plainte, j'ai perdu mon bouchon muqueux. Tout cela me déclenchait des contractions, mon bébé voulait sortir alors qu'il ne faisait que 500g. J'étais stressée et énervée à cause de tout cela. Il était devenu violent, il m'insultait énormément et me menaçait. J'avais peur pour la sécurité de mes proches. Il a continué, mais vers la fin de l'année, c'est vraiment parti en cacahuète. Il est devenu plus violent, il a été plus loin dans ses menaces de mort. Concernant la fusillade à l'Oasis, il faisait comprendre "ah, elle est toujours en vie, pour le moment, oui ou non". Il a dit que "la fusillade n'était que l'apéritif, que ce qu'il me réserve est bien pire". Il est parti trop loin, là ma priorité c'est ma sécurité et surtout celle de mon enfant.
Le 19 janvier 2023, elle a déposé plainte au commissariat du Lamentin pour des faits de cyber-harcèlement et de menace de mort. La jeune femme avait déjà déposé une première plainte en février 2022 qui avait été classée sans suite.
La première fois, j'avais porté plainte contre X parce que je n'avais pas d'information sur son identité. Je ne savais même pas que la plainte avait été classée sans suite. Entre les deux plaintes, une année s'est écoulée. J'attends que l'affaire avance et que les choses soient prises en charge très rapidement. Cette fois j'ai donné un dossier de 300 copies avec toutes les preuves. Tout ce qui concerne le cyber-harcèlement, les menaces de mort. Tous les messages privés, ceux envoyés à certains de mes proches et même des commentaires sur des posts concernant l'affaire.
Mes proches ont peur pour moi, surtout ma mère. Moi, je suis en colère et j'éprouve un sentiment d'incompréhension. J'ai la volonté de vouloir protéger mon enfant avant tout. Donc je veux vraiment que les choses avancent et je ferai tout mon possible pour cela et qu'il finisse soit derrière les barreaux, soit en hôpital psychiatrique, parce que clairement sa place est dans l'un des deux.
Le harcèlement via internet (mails, réseaux sociaux...) est appelé cyber-harcèlement. Il s'agit d'un délit. L'auteur s'expose à une peine de 2 ans de prison et 30 000 euros d'amende.