La circulation incontrôlée des armes à feu en Haïti participe à la montée de la violence

Les armes exposées après destruction.
Devant le conseil de sécurité des Nations Unies à New York lundi 23 octobre 2023, l’envoyée spéciale de l’ONU en Haïti, Maria Isabel Salvador, a affirmé que la situation continuait à se détériorer sur place. Elle salue le prochain envoi d’une force internationale ainsi qu’un nouvel embargo sur les armes. Car la montée de la violence est, en grande partie, liée à la circulation incontrôlée des armes à feu dans le pays.

"Le trafic d’armes et de munitions est l’un des principaux moteurs de l’expansion des gangs et des niveaux extrêmes des violences armées dans le pays", c’est l’une des conclusions du dernier rapport d’expert présenté au conseil de sécurité de l’ONU.

La mauvaise gestion des frontières et la faiblesse des contrôles douaniers, associés à une longue tradition de corruption, sont les principales explications. De lourds soupçons pèsent notamment sur la direction du terminal de Port-au-Prince, géré par des intérêts privés, et par lequel passent 80% des marchandises importées.

Des armes vendues sur le marché noir

Le trafic d’armes est particulièrement lucratif en Haïti, car la demande ne cesse de croître ; en particulier pour les fusils semi-automatiques et pour les armes de poing de type 9mm revendus sur le marché noir jusqu’à 10 fois leur prix d’achat aux États-Unis.

C’est bien des USA, et en particulier de Miami, que proviendraient la très grande majorité des quelque 600 000 armes à feu en circulation dans le pays.

Les experts s’inquiètent aussi de la présence d’armes et de munitions de très gros calibres aux mains des gangs. Des mitrailleuses lourdes ou fusils de tireur d’élite en passant par les balles à pointes creuses, qui provoquent des blessures particulièrement dévastatrices.

Des armes et munitions manufacturées aux États-Unis qui arrivent, soit par voie directe, ou via la République Dominicaine voisine.

Enfin les experts s’interrogent sur les stocks détournés, des entreprises de sécurité et même de la police haïtienne. Ainsi que sur l’apparition récente d’armes dites "fantômes" de fabrication privée. Elles sont totalement intraçables, car dépourvues de numéro de série.