Après la colère des agriculteurs, voici celle des infirmiers-es libéraux exprimée une nouvelle fois sur la voie publique en Martinique, comme leurs collègues de la France continentale ces dernières semaines. Leur détermination vise à "améliorer les conditions d’exercice et défendre la pérennité des cabinets".
"L’impression d’être des laissés-pour-compte"
Cette décision est motivée par l'absence de revalorisation de nos actes techniques depuis 2009, ainsi que de la quasi-stagnation de notre indemnité de déplacement, laquelle n’a augmenté que de 25 centimes en douze ans. Dans le même temps, l'inflation nous a considérablement impacté, tout comme l’ensemble de la population. MOUV’IDEL souhaite exprimer le sentiment d’injustice des infirmiers libéraux qui ont l’impression d’être des laissés-pour-compte. Nous disons STOP et invitons les familles, les parents et les aidants familiaux à se joindre à nous, afin de défendre notre système de santé qui est en difficulté.
L’association MOUV’IDEL
Seule profession de santé en ville à avoir assuré la continuité des soins durant la crise sanitaire, ces professionnels de santé au service de nos parents, amis et alliés en difficulté estiment toujours être les oubliés du gouvernement, "le même qui invitait à nous applaudir tous les soirs durant la dernière grande crise sanitaire liée à la Covid-19", observe Tania, libérale depuis bientôt 20 ans.
Depuis que j’exerce en libéral, j’ai vu nos conditions de travail se dégrader au fur et à mesure, aussi bien au niveau financier qu’au niveau de l’attitude des patients, des familles, de la population et des instances envers nous. Nous sommes touchés par l’inflation, comme tous les Français. Tout a augmenté, y compris nos charges professionnelles. Et encore plus après la crise Covid. Nos tarifs défient toute concurrence ! C’est ainsi que nous perdons au minimum 12% de nos revenus sur la prise en charge des patients lourds, alors qu’ils représentent une bonne part de nos soins à domicile.
Tania Lacrampe
Nombre d’entre nous ne peuvent prendre ni des vacances, ni des congés maladie car la moindre suspension d’activité entraîne de facto une suspension de nos rémunérations. Quant à parler de retraite, nous cotisons des sommes astronomiques pour avoir une pension de misère dont nous ne pourrons pas bénéficier avant l’âge de 67 ans !
Tania
[Sans IDEL] "comment feriez-vous" ?
Imaginez un instant ce que serait demain si l’infirmier(e) qui se déplace au domicile de votre mère, de votre père, de votre conjoint, de votre enfant, afin de lui donner ses médicaments, lui faire son injection, lui faire ses soins d’hygiène, ses pansements, ses perfusions, etc…, disparaît du quotidien de vos proches. Comment feriez-vous ? Sans l’infirmier(e) libéral, la médecine de ville n’existe plus ! Nous sommes un maillon essentiel (voire indispensable) à la prise en charge des malades à domicile.
T. Lacrampe
Il serait temps que nos gouvernants ainsi que la population en prennent conscience et qu’ils nous considèrent enfin à notre juste valeur. Si la situation ne s’améliore pas, nombre d’entre nous fermeront leurs cabinets. C’est déjà ce qu’envisagent 56,3% d’entre nous d’après un sondage réalisé par le syndicat Convergence Infirmière (en février 2023).
Tania Lacrampe
Les revendications
Les infirmiers libéraux réclament donc à leur ministère :
- Une revalorisation des actes techniques et des indemnités de déplacement / des antennes de la CARPIMKO (Caisse Autonome de Retraite et de Prévoyance des Infirmiers, Masseurs-Kinésithérapeutes, Pédicures-podologues, Orthophonistes et Orthoptistes) et de l’URSSAF en Martinique ;
- La possibilité de faire appel à des IDEL remplaçants sans motif obligatoire ;
- Que la CGSS (Caisse Générale de Sécurité Sociale) cesse toutes les procédures d’indus systématiques ;
- Que la pénibilité de notre travail soit reconnue pour un départ à la retraite a 62 ans à taux plein.