La Collectivité Territoriale de Martinique persiste à rendre le créole "langue officielle"... au même titre que le français

Débat sur "le créole comme langue officielle de la Martinique, au côté du français".
Le débat fait rage au sujet du créole reconnu en plénière (en mai dernier) comme seconde langue officielle de l’île, par une délibération quasi unanime des élus de l’Assemblée de Martinique. Après une tribune citoyenne et la prise de position de deux proches du PPM (Parti Progressiste Martiniquais), plusieurs partisans de la majorité à la Collectivité majeure, soutiennent la décision des conseillers territoriaux dans un exposé daté du 14 septembre 2023.

Les points de vue divergent au sein de la société civile et sur les réseaux sociaux, c’est le moins que l’on puisse dire, à propos de ce débat sur "le créole comme langue officielle de la Martinique, au côté du français".

Cette décision qualifiée d’"historique" par le président du conseil exécutif de la CTM (Collectivité Territoriale de Martinique), Serge Letchimy, a fait l’objet d’une délibération presque unanime des élus de l’Assemblée, le 25 mai dernier.

Velléité de rupture avec la France ?

Si certains applaudissent l’initiative, d’autres considèrent en revanche que les priorités sont ailleurs, prêtant au passage à Serge Letchimy, des velléités de rupture avec la France, à travers une tribune citoyenne.

>>> À (RE)LIRE la tribune citoyenne intégrale en cliquant → ICI.

Autre prise de position publique, celle de deux anciens membres actifs du Parti Progressiste Martiniquais présidé par le patron de l’exécutif.

Dans une lettre ouverte adressée à ce dernier, l’ancien sénateur et maire du Marin, ex-secrétaire du PPM, Rodolphe Désiré, ainsi que son camarade de parti, le proviseur honoraire Michel Ponnamah, insistent notamment dans leur missive.

Il nous semble plus important de souligner que l'apprentissage de l'anglais, de l'espagnol, du portugais, dès l'école maternelle jusqu'à l'université, constitue pour nos enfants de Martinique un outil indispensable pour préparer leur insertion dans le monde à venir.

Rodolphe Désiré & Michel Ponnamah

À lire aussi  : Deux "historiques" du PPM remettent en cause les orientations politiques de Serge Letchimy

"Je respecte mais je ne partage pas"

Quelques jours après avoir reçu ce courrier, Serge Letchimy a répondu à Rodolphe Désiré en y associant son coauteur. Le ton est cordial, mais le PCE reste campé sur ses convictions.

J'ai bien pris note de ta position sur le créole, que je respecte mais que je ne partage pas. Nous devons toujours être au rendez-vous à la fois des avancées du quotidien, mais aussi des combats pour la dignité et l'identité du peuple martiniquais, comme nous l'a inculqué Césaire.

Serge Letchimy

"Oui au créole au côté du français, comme langue officielle de la Martinique !"

Et pour conforter un peu plus cette délibération qui fait polémique, plusieurs partisans de la majorité à la Collectivité majeure, soutiennent la décision des conseillers territoriaux, dans un exposé posté le 14 septembre 2023 sur les réseaux sociaux de la CTM.

Depuis quand parler notre créole fait de nous des indépendantistes ? Qu'est-ce qui gêne à ce point dans l'idée que nous puissions être à la fois français et assumer notre identité propre martiniquaise ? (…).

Tribune du 14 septembre 2023

"Un pas de plus dans le combat de la dignité"

Nous disons que nous pouvons être français, européens, mais en même temps caribéen et fier de nos racines historiques. Qu'est-ce que cela nous retire ? RIEN. Qu'est-ce que cela nous rapporte un pas de plus dans le combat pour la dignité de l'homme et de la femme martiniquais.e. Ceux qui font croire que la CTM n'est pas au rendez-vous du quotidien, essaient de leurrer le peuple.

Tribune du 14 septembre 2023
Des partisans de la majorité à la Collectivité Territoriale de Martinique, soutiennent la décision des conseillers territoriaux dans une tribune datée du 14 septembre 2023.

Qu’en pensait Aimé Césaire ?

Le plus illustre des martiniquais et fondateur du PPM, feu Aimé Césaire, avait un avis tranché sur la question depuis 1962, ce qui devrait continuer à nourrir la controverse.

Pour le député visionnaire, ex-écrivain et ancien maire de Fort-de-France, "choisir le créole, c’est un peu se couper du reste du monde".

Aimé Césaire à propos du créole en 1962 ©INA/RS