En termes de suffrages, ce budget a été adopté par 32 voix pour (sur 45 votants), les voix contre ont été au nombre de 9 et les abstentions au nombre de 4.
Conseiller exécutif en charge des finances et de la commande publique, Arnaud René-Corail fait valoir les contraintes et restrictions financières auxquelles, à l'écouter, la CTM doit et devra faire face. Un propos imprégné d'une certaine amertume, suite à une série de constats.
Il est envisagé 15 millions d’euros de financement en moins de la part de l’Etat. Nous devons en tenir compte car 95% des recettes de la Collectivité viennent de l’Etat. J’ai pris, avec les services, le temps nécessaire pour préparer ce budget, en tenant compte de ce que nous devons, de ce que nous avons dépensé en 2024, pour permettre de bâtir un budget de résistance, comme on l’a nommé, malgré des recettes de l’Etat en diminution, et en prévision d’être en diminution en 2025. Nous n’avons pas des recettes extraordinaires, nous n’avons plus, au sein de la Collectivité, ni la taxe professionnelle, ni la taxe foncière, ni la taxe d’habitation. Tout nous vient de l’Etat, soit en termes de décentralisation, soit en dotations de fonctionnement, soit en dotations de parts de TVA qui nous est reversée. Toutes ces sommes diminuent, et ça représente près de 16 millions en moins.
Arnaud René-Corail, interrogé par Alain Livori
Les élus du groupe "La Martinique Ensemble" de l'Assemblée de Martinique ont voté en faveur de ce budget. L'une des membres de ce groupe, Kora Bernabé, s'en explique.
Nous votons chaque année le budget. C’est ce qui permet à la Collectivité de fonctionner, de verser les aides sociales, les aides économiques, tout le fonctionnement des agents, donc c’est important de voter le budget. On est quand même intervenus sur des choses qui posent question. Toujours cette question de la fluidité des aides, du traitement des dossiers, du temps de réponse et comment améliorer tout ça. Et finalement, encore une fois, sur le lien et la proximité nécessaire avec la population.
Kora Bernabé, au micro d'Alain Livori
"Une nécessité de politiques publiques appuyées"
Les membres du groupe "Ansanm Pou Péyi-Nou" présents hier se sont eux abstenus dans ce vote. S'il reconnaît la "difficulté" du contexte, Jean-Philippe Nilor souligne la nécessité à ses yeux de politiques publiques "appuyées".
C’est un budget qui est en régression quantitativement. Mais il y a une circonstance atténuante, c’est que le contexte en France et le contexte international sont particulièrement difficiles. Donc on ne s’attendait pas à un budget avec une augmentation flamboyante. Oui le budget est en récession. Par contre, il y a des domaines où la récession est plus préjudiciable qu’ailleurs parce que chez nous il y a une misère, une souffrance, il y a des politiques publiques qui méritent d’être appuyées. Plus les choses sont difficiles, plus il faut mettre l’accent sur un certain nombre de politiques publiques. Et puis la Collectivité doit pouvoir répondre, dans des délais beaucoup plus raisonnables, aux différentes demandes des Martiniquais. Que ce soient des demandes d’aides aux entreprises, des demandes par rapport aux associations, aux demandes d’aides sociales, par rapport aux étudiants… Dans tous les secteurs, les dossiers traînent trop.
Jean-Philippe Nilor, répondant à Alain Livori
"Il y a beaucoup d'annonces mais sans financements en place"
Les élus du groupe ''Gran Sanblé Pou Matinik'' présents hier ont voté contre ce budget primitif 2025, à l'exception de Justin Pamphile et de José Mirande, qui se sont abstenus. Daniel Marie-Sainte, le chef de file dudit groupe, justifie son refus par un certain nombre d'arguments. Entre diminutions budgétaires et divergences dans les choix de gouvernance.
C’est un budget qui est à la baisse, avec des diminutions importantes dans des secteurs essentiels comme l’enseignement, la formation professionnelle et l’apprentissage. Le secteur de la vie sociale, où l’on aide les associations, là aussi il y a une diminution de plus de 6%. Dans les domaines culturel, sportif et de la jeunesse c’est catastrophique, là aussi il y a de la baisse. Par contre ce qui augmente c’est le poids de la dette, puisqu’ils vont encore faire un emprunt de 165 millions, etc. Et nous nous opposons à une conception du président qui consiste à confier à des partenaires extérieurs - ce qu’il appelle les SPL, les ''Société Publique Locale'' - la réalisation de tous les travaux du BTP, alors que nous avons une armée d’ingénieurs et d’architectes très compétents aux services techniques de la CTM, qui peuvent piloter tous nos chantiers. Ce qui nous fait vraiment nous opposer au budget, c’est qu’il y a beaucoup d’annonces mais sans financements en place. Donc il fait rêver les gens et puis les gens sont déçus, les associations ne sont pas payées, les étudiants ne reçoivent pas leurs bourses en temps et en heure, malgré toutes les belles annonces. Donc nous ne pouvons pas soutenir une telle politique.
Daniel Marie-Sainte, en réponse à Alain Livori
Examens des points à l'ordre du jour et débats se poursuivent aujourd'hui, dans le cadre de la seconde journée de séance plénière de l'Assemblée de Martinique.