La consultation sur le Plan Chlordécone IV n’attire pas les foules

Nous avons jusqu’au 18 décembre pour donner notre avis sur le nouveau dispositif de lutte contre les conséquences du dangereux pesticide. Pourtant, ce n'est pas la bousculade pour annoter le document officiel accessible sur internet, ni pour le consulter en mairie.
Nous boudons l’enquête publique sur le 4e volet du plan gouvernemental visant à surmonter les effets du chlordécone, c’est un fait. Non pas en raison de notre indifférence pour le sujet, mais ce plan arrive trop tard, est incomplet et manque d’ambition, selon les critiques formulées à son encontre.

Nos scientifiques, nos écologistes et plusieurs de nos élus estiment que ce document ne traduit que partiellement leurs recommandations et revendications. Et pour cause, les stratégies mises en œuvre par l’Etat et par notre corps social ne sont pas identiques. Il n’est pas étonnant que ce plan ne suscite pas l’adhésion populaire.

Pourtant, la cible est la même pour l’administration et pour les militants. Il s’agit d’effacer de notre environnement toute trace du pesticide. Les chemins pour y parvenir sont trop différents pour que cet objectif soit atteint à court terme. Le gouvernement ne fera pas plus que ce qu’il a déjà annoncé.

Depuis la déclaration du président de la République de septembre 2018 reconnaissant la responsabilité de l’Etat dans ce scandale environnemental, l’administration commence seulement à prendre la mesure de l’ampleur du problème. Aucune expérience ne peut servir d’exemple pour procéder à la dépollution de l’espace vital de deux territoires entiers, ceux de Guadeloupe et de Martinique.
 

Aucune expérience sur laquelle s’appuyer


Nul ne sait comment indemniser les victimes et les descendants des résidents d’aujourd’hui et de ceux qui ont habité un temps dans nos îles. Les scandales politico-sanitaires du sang contaminé, de la vache folle et de l’hormone de croissance n’ont concerné qu’une infime partie de la population disséminée sur tout le pays.

Pour le chlordécone, il s’agit de plusieurs centaines de milliers de personnes. L’Etat a déjà compris qu’il ne pourra pas indemniser autant de monde. Trop compliqué, trop long, trop cher. Ne serait-ce parce qu’il est impossible de retrouver tous ceux qui ont résidé dans nos pays le temps d’une mutation professionnelle. Il en est de même pour ceux qui sont partis du pays.

Il convient de trouver des convergences entre deux stratégies parallèles. Le corps social n’est pas encore assez puissant pour forcer l’Etat à aller là où nous le souhaitons, à savoir vivre à nouveau dans un environnement sain. L’Etat ne peut plus nous faire croire que sa solution est la seule qui vaille. Pour être crédibles, ses représentants seraient inspirés de prendre en compte ce que les experts et les militants disent et pensent. Ce moment est-il arrivé ?