La Corse en route vers l’autonomie, un scénario qui éveille l’intérêt en Martinique

Le président français Emmanuel Macron, lors de son discours à l'Assemblée de Corse, à Ajaccio, le 28 septembre 2023.
Le moment est considéré comme historique en Corse. Le président de la République, Emmanuel Macron, fait enfin droit à une revendication ancienne des élus du territoire, à la tête de la collectivité la plus importante depuis 2015.

La Corse en marche vers l’autonomie ? Une étape historique a été franchie jeudi 28 septembre 2023. Au cours de son déplacement de trois jours dans le territoire, le chef de l’État s’est exprimé devant les élus de l’Assemblée de Corse. Il a clairement affiché son choix en accordant aux habitants et aux élus de l’île ce qu’ils souhaitent depuis longtemps, un nouveau statut qui serait consacré par un article particulier de la Constitution.

Un processus délicat

Quelles sont les conditions pour que cette décision politique se traduise sur le plan juridique ? L’analyse de Bertrand François-Lubin, enseignant de droit public à l’Université des Antilles, permet de comprendre que le processus est délicat.


Justin Daniel, professeur de science politique à l’Université des Antilles, fournit des précisions sur les conditions pour que la nécessaire réforme de la Constitution soit validée.

Depuis le temps que le peuple corse et ses élus l’attendaient, l’autonomie est désormais inscrite dans le calendrier politique du gouvernement. Le chef de l’État donne six mois au gouvernement et aux élus du territoire pour définir un nouveau statut pour le territoire, qui en est à son troisième depuis 1992.

Ce débat intéresse au plus haut point nos appareils politiques. Une forme d’autonomie, avec des modalités différentes, existe dans les collectivités d’outre-mer régies par l’article 74 de la Constitution. C’est le cas à Saint-Martin, Saint-Barthélémy, Saint-Pierre-et-Miquelon, Wallis-et-Futuna et la Polynésie. En outre, un chapitre entier de la Constitution, le titre XIII, est consacré au statut spécial de la Nouvelle-Calédonie.

Est-il envisageable d’engager un processus similaire pour la Martinique ? Le Parti communiste dès 1961, puis le Parti progressiste en 1967 ont opté pour cette voie. Le congrès des élus réuni depuis juillet 2022 envisage de demander au gouvernement des modifications de nos institutions.

Est-ce à dire que le moment est venu de réclamer l’autonomie pour la Martinique ? L’éclairage du politologue Justin Daniel est éloquent à cet égard.

Le climat politique en Martinique n’est pas propice à exiger une telle évolution, comme c’est le cas en Corse. Ceci étant, le cas de la Guyane devrait nous interpeller. Le congrès des élus de ce territoire a acté à l’unanimité, en mars 2022, le principe de l’inscription d’un statut spécial dans la Constitution. Le débat, aussi bien en Corse qu’en Martinique, ne fait que commencer.