Lors de la dernière réunion mensuelle de l’Assemblée de la Collectivité Territoriale de Martinique, (mercredi 13 avril 2022), le thème du pouvoir d’achat s’est invité dans l’hémicycle. Le sujet est revenu derechef à l’occasion du vote du budget primitif, d’autant qu’il est au cœur des préoccupations de tous les français à la veille de l’élection présidentielle.
C’est d’ailleurs le constat unanime d’une vie trop chère qui avait mis le feu aux poudres en février 2009 aux Antilles, provoquant un mouvement social sans précédent. Cette grande grève avait duré 44 jours en Guadeloupe et 33 jours en Martinique. 13 ans après cette mobilisation générale, force est de constater que le coût de la vie reste élevé dans les deux territoires.
La CTM déclare "l’état d’urgence sur les prix"
L’Assemblée de Martinique a donc déclaré officiellement "l’état d’urgence sur les prix", en confiant au Président du Conseil Exécutif (PCE), le soin de négocier avec l’Etat et l’ensemble des acteurs engagés dans mécanismes de formation des prix (communes, distributeurs…), dans la perspective d’une baisse des tarifs de 1000 produits de première nécessité.
Tous les leviers doivent être utilisés (…). On est prêt à travailler sur une réduction de l’octroi de mer sur ces produits de première nécessité (…). Cela n'aura pas d'impact si jamais on le fait tout seul. Cela aura un impact que si l'État accepte aussi de diminuer ou de faire disparaître la TVA pendant une durée donnée, sur les produits de première nécessité. Cela aura un impact que si les importateurs décident aussi de réduire leur marge et à ce moment-là, on pourrait trouver des compromis (…). Il faut qu’on soit ensemble, y compris ceux qui ont des marges arrière et des marges avant. Il va falloir réviser les conditions d'arrivée de ces produits (…) et nous avons décidé de mener ce combat.
Serge Letchimy, le PCE (interrogé par Sangha Fagour)
Tenir compte de "tous les paramètres"
Les acteurs de la grande distribution se disent prêts à s’engager comme pour le bouclier qualité-prix encadrés depuis 2013, sous réserve d’une grande concertation et "en tenant compte de tous les paramètres". Quels sont les produits qui figureront sur la liste des 1000 ? Seront-ils choisis uniquement dans les rayons alimentaires ? Quels autres secteurs pourraient être concernés ?…
Des coûts de revient élevés à cause de l’éloignement
Mais avant de fixer un prix de vente nous explique un grand patron du secteur, "il faut prendre en considération le coût de revient élevé à cause notamment des incontournables frais d’approche, (l’acheminement de l’usine au port de départ, le fret maritime jusqu’à Fort-de-France, les droits de douane, les frais de livraison… et l’octroi de mer), lesquels s’additionnent à la facture de la fabrication. Peut aussi s’ajouter parfois à ce prix de revient d’une marchandise importée, un surcoût attribué à la démarque connue".
Le terme de "démarque connue" essentiellement utilisé dans la grande distribution, désigne l’ensemble des produits qu’une entreprise ne peut pas commercialiser, à cause d’une casse lors du transport, durant la manutention, ou en raison de la date limite de vente.
"On peut aussi imaginer l’instauration une continuité territoriale pour les produits de première nécessité" ajoute le dirigeant qui n'a pas souhaité se dévoiler.
Alex Alivon, le secrétaire général du syndicat de la grande distribution, "salut la décision du Président Letchimy". Il attend désormais des détails.
Enfin on s’attaque à la vie chère (…). Maintenant il faut voir comment cela va se faire concrètement et quels seront les produits retenus. On peut supposer que cette liste sera élargie à d’autres produits (la Hifi, la téléphonie…) avec au préalable je l’espère, une large concertation avec les professionnels, car c’est nous qui allons subir le différentiel en bout de chaîne.
Alex Alivon
Pour l’heure, les élus de l'Assemblée et le PCE, n’ont pas arrêté de calendrier de concertation avec les socio-professionnels et le gouvernement. Mais tous s’accordent à dire que l’inflation en Martinique, ne peut plus durer.