Les fortes perturbations constatées dans le transport en commun et dans la distribution de l’eau dans l’agglomération du Centre Martinique ces derniers jours révèlent certaines failles de la gestion de nos collectivités.
Faut-il voir de l’ironie ou le fait du hasard du sort dans la survenue de deux litiges majeurs, alors que la campagne pour le renouvellement de l’Assemblée de Martinique prend de l’ampleur ? Le conflit social au sein de l’une des entreprises chargées du transport en commun dans l’agglomération foyalaise est le premier exemple.
Il s’est terminé mardi 25 mai 2021 après quatre semaines d’arrêt de travail. L’autre exemple étant les coupures d’eau planifiées par la régie Odyssi en raison d’une prétendue pénurie de la ressource. Comme d’habitude, ce sont les foyers les plus modestes qui sont les plus embarrassés par ces carences organisées de deux services publics essentiels. Comme d’habitude, les excuses pour la gêne occasionnée, quand elles existent, suscitent perplexité ou colère.
Dans ces deux cas, certaines prérogatives de la Collectivité Territoriales de Martinique sont mises en lumière. Le transport en commun est assuré depuis quatre ans par une entité unique, Martinique Transport (MT). La CTM y tient une place prépondérante. La réussite est évidente pour les réseaux du sud et du nord.
Le transport dans le centre reste défaillant
Il n’en est rien pour celui du centre. Sa rationalisation est compliquée par la guerre d’usure entre la présidence de MT, détenue par la majorité de la CTM, et l’ancien concessionnaire, la Compagnie foyalaise des transports urbains (CFTU), pilotée par le Parti progressiste martiniquais.
L’autre situation embarrassante pour les usagers d’un service public est celui de la pénurie d’eau sur le territoire de la Communauté d’agglomération du centre (CACEM). La sécheresse provoque une baisse du lit de la rivière Blanche, où est installée l’usine de production détenue par sa régie publique Odyssi.
Aucune amélioration n’est envisagée à brève échéance. Avec le réchauffement climatique, nous ne savons si nous verrons arriver les pluies salvatrices qui pourront gonfler à nouveau les rivières. L’hivernage, ou saison des pluies, commence au début du mois de juin, mais rien n’indique que ce sera le cas en 2021.
Une pénurie d’eau organisée, comme en 2020
Le pire dans la crise actuelle, identique en tous points à celle de l’année dernière, c’est que notre île regorge d’eau. Le problème n’est pas la ressource, mais la gestion de cette ressource, répètent à l’envi les experts de ce domaine. Les réseaux d’adduction, propriétés des trois communautés d’agglomération, attendent d’être modernisés pour canaliser l’abondante production, largement suffisante pour nos besoins, assurée à l’usine de Lorrain, propriété de la CTM.
Laquelle assure avoir augmenté le débit journalier de son unité de production afin de livrer aux opérateurs les quantités nécessaires à l’approvisionnement de leurs abonnés. Rien ne contraint la SME, l'opérateur privé en situation de quasi-monopole, et Odyssi, l'opérateur public défaillant, à acheter cette ressource disponible. Rien ne leur interdit non plus.
En dépit de leur acuité, ces sujets ne sont pas au centre de la campagne électorale. Or, ils montrent l’étendue des possibilités d’action de nos responsables politiques dans l’objectif d’améliorer la vie quotidienne de la population. Il reste à espérer que les difficultés d’organisation du transport en commun et de la distribution de l’eau seront définitivement résorbées durant le mandat de la prochaine assemblée.