La gestion des déchets en Martinique est un casse-tête aux conséquences graves sur la santé

Quand la décharge de Céron à Sainte-Luce brûle, les habitants du Diamant souffrent. Une situation insoutenable pour ces riverains en quête de solution. Mais le problème est bien plus profond et concerne la gestion même des déchets sur l'île.

Les jours se suivent et se ressemblent pour les riverains du lotissement Fond Manoël au Diamant. Situés à quelques encablures du quartier Céron, ils sont en première ligne des fumées générées par les incendies à répétition de la décharge de Sainte-Luce.

Vous arrivez chez vous, la vue est dégagée avec le Morne Larcher et vous espérez profiter de votre belle vue. Mais 5 minutes après, vous avez l'impression d'être à Londres, dans un épais brouillard en plein mois de novembre.

 

La fumée est très gênante. Elle sent beaucoup, imprègne les vêtements, fait pleurer les yeux et provoque de la gêne respiratoire. 

Philippe, riverain Fonds Manoël


Nettoyer régulièrement, guetter le sens du vent, tout couvrir, se barricader à l’intérieur et surtout éviter les lessives est devenu le quotidien de certains habitants de la commune. 

 

Cette riveraine nettoie régulièrement les traces laissées par l'incendie de la décharge.

 


Au quartier Taupinière, les riverains ont organisé une réunion d'urgence en présence notamment du maire et du sous-préfet jeudi soir (11 novembre 2021). 

Depuis 15 jours nous avons de la fumée et ils nous disent d'attendre, qu'ils n'ont pas de solution, qu'ils ne peuvent pas éteindre le feu, que les pompes du SMTVD sont en panne et qu'il n'y a pas d'endroit pour stocker les déchets. Donc nous attendons depuis 15 jours et nous ne savons pas jusqu'à quand.

Riverain de Taupinière


Des fumées toxiques qui ne sont pas sans conséquence pour la santé. Certains  témoignent et révèlent souffrir de maux aux yeux, au nez, ou encore à la gorge. D’autres ont des problèmes cutanés. 

 

Les riverains ont organisé une réunion d'urgence.

 

 

À l'issue de cette réunion, nous allons travailler avec l'ARS pour essayer de trouver des pistes. Mettre en place des appareils pour tester la qualité de l'air avec Madininair. Voir également s'il est possible de déclarer tous ces incendies comme catastrophe technologique.

Hugues Toussay, le maire du Diamant


Fortement attaqué, le sous-préfet se défend de tout immobilisme de l'État. Le site est fermé par la Deal (Direction de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement)). De plus, un PV de délit a été dressé. 

 

Une solution sera trouvée pour l'incendie. Comme la situation évolue d'heure en heure, il faut simplement réussir à faire une analyse technique poussée des meilleurs moyens à mettre en place. Ces moyens seront bien évidemment donnés au STIS. 

Sébastien Lanoye, sous-préfet du Marin

 

 

Des poubelles qui débordent sur la voie publique.

 


En toile de fond, la problématique de la gestion des déchets en Martinique. Entre les grèves, les pannes de machines et les incendies, ce secteur est en crise depuis plusieurs mois. 

Sur les quatre sites de traitement des ordures, trois sont fermés par les services de l'État pour cause de danger. À compter de ce lundi 15 novembre, l'incinérateur sur le 4e et dernier site devrait cesser de fonctionner. 

Il y a un gros travail d'entretien qui est prévu sur l'usine d'incinération au niveau de leur logiciel qui ne peut pas attendre. En tout état de cause, ils ne peuvent pas dépasser la semaine prochaine.

Aujourd'hui, nous fonctionnons à minima.

 

Nous espérons et nous travaillons avec les services de l'État pour ouvrir, à titre provisoire, petit Galion. Nous devrions pouvoir fonctionner en mode dégradé à compter de lundi.

Sainte-Rose Cakin, président du Syndicat de Traitement et de Valorisation des Déchets Ménagers

 

Les communautés d'agglomérations incitent les habitants à réduire leurs déchets ménagers et à s'orienter vers le tri sélectif. Un passage obligé, alors que les poubelles débordent déjà.