Alors que 50 journalistes ont été tués et plus de 300 jetés en prison en 2020, les entraves à la liberté d’expression des citoyens demeure d’une brûlante acuité.
À l’occasion de la commémoration de l’assassinat d’André Aliker, le 11 janvier 1934, tué après avoir publié dans le journal communiste "Justice" les preuves d’une gigantesque fraude fiscale, trois événements relatifs à la liberté de la presse attirent notre vigilance.
Tout d’abord, l’intrusion dans les locaux de la chaîne de télévision viàATV le 29 décembre 2020 ; le rapport annuel de l’organisation non gouvernementale Reporters sans frontières ; le procès en extradition à Londres de Julian Assange, le cofondateur de Wikileaks.
L’invasion de l’emprise de viàATV est d’autant plus surprenante et condamnable qu’elle a été motivée par le fait que cette chaîne serait le porte-voix d’une soi-disant pensée unique à propos des vaccins contre le Covid-19. Qui peut sérieusement prétendre qu’il subit ostracisme ou censure dans les médias de Martinique ?
Heureusement, nous sommes très loin du sort réservé aux 50 journalistes tués et aux 387 emprisonnés dans l’exercice de leur fonction en 2020 dans le monde. Dans son rapport annuel, Reporters sans frontières précise que les sujets les plus dangereux à traiter par les médias portent sur les cas de corruption et de détournement de fonds publics impliquant le crime organisé.
Liberté d’informer et liberté d’être informé
Le rapport conclut : "Ce qui est fragilisé, c’est le droit à l’information, qui est un droit pour tous les êtres humains". C’est précisément le cas du procès de Julian Assange. Le cofondateur de Wikileaks ne sera pas expulsé vers les États-Unis, comme le réclame le gouvernement de ce pays. La justice britannique l’a décidé, ce 4 janvier 2021.
Depuis 2006, cette organisation non gouvernementale a publié plus de 700 000 documents confidentiels provenant de lanceurs d’alerte anonymes. Ces documents de toutes natures révèlent des scandales de corruption, d’espionnage et de violations des droits humains sur tous les continents.
La justice des États-Unis veut juger Assange pour avoir dévoilé des preuves d’exactions commises par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Sans WikiLeaks, le secret aurait été bien gardé sur ces actes illégaux qui seraient restés impunis.
De l’assassinat d’Aliker il y a près de 90 ans à la situation critique de la presse dans de trop nombreux pays, le lien est évident : la liberté d’expression des citoyens passe par la liberté d’informer et par conséquent, par la liberté d’être informé.