Rosita est propriétaire d’un gîte et d’une chambre d’hôtes sur la commune de Trinité. Elle s’est lancée dans la location saisonnière, il y a 16 ans, suite à l’évolution de sa situation familiale.
On a fait la maison, puis les enfants sont partis. J'ai trois chambres chez moi et l'on se retrouve avec des chambres en surnombre, si je puis dire. On s'est dit tient, il y a ça, c'est une opportunité.
Rosita, propriétaire d'hébergements en location saisonnière
Une opportunité qui, comme l'affirme cette retraitée, lui assure des revenus non négligeables.
Un marché en évolution croissante
Entre 4 et 8 000 meublés de tourisme sont enregistrés en Martinique. C’est deux fois plus qu’il y a trois ans. Ces hébergements ont la cote. Dès le début des vacances, les carnets de réservations de plusieurs propriétaires affichaient complet pour les mois de juillet et d'août.
Une étude de la CCIM (Chambre de Commerce et d'Industrie de la Martinique) montre que ces appartements ou villas constituent le mode d’hébergement favori des touristes de séjour. Une tendance qui s'amplifie au fil des années.
La tendance est structurelle parce qu'elle dure depuis plusieurs années, tant au niveau de l'offre, il y a de plus en plus de biens sur le marché, qu'au niveau de la demande, puisque aujourd'hui, on considère que plus de 40% des touristes de séjours font le choix de ce mode d'hébergement. L'offre et la demande se rencontrent de manière assez dynamique.
C'est un phénomène qui risque de prendre de l'ampleur, à mon sens, parce que cela correspond à nos nouveaux modes de voyage. On voyage beaucoup en tribu, en clan. La location saisonnière permet d'avoir un espace pour soi sans avoir à partager avec d'autres personnes. On a une forme de flexibilité, on cuisine quand on veut, on se réveille quand on veut. Bien souvent, il y a des services qui relèvent de l'hôtellerie qui viennent s'ajouter, comme de la conciergerie, un chef privé à domicile, pour certains. Donc on n'a finalement le meilleur de la maison individuelle et de l'hôtellerie qui se rejoignent.
Madly Schenin-King, directrice de Majorine, agence de conseil pour les acteurs du tourisme et organisatrice d’un salon dédié aux loueurs saisonniers.
Ce marché de la location saisonnière est dominé par Airbnb. La plateforme américaine gère près de 80% des hébergements. Avec dans le lot, des propriétaires "clandestins". Ces derniers ne sont pas déclarés en mairie et ne s’acquittent pas non plus de la taxe de séjour, pourtant obligatoire. Il s'agirait plus d'une maladresse que d’une volonté d’enfreindre la loi.
Ils ne le font pas par mauvaise volonté, mais le font parce qu'ils ne sont pas informés et qu'ils ne connaissent pas forcément les procédures administratives et tout ce que cela implique de faire de la location saisonnière. Il y a un travail d'accompagnement que fait l'office de tourisme pour informer, sensibiliser et accompagner ces professionnels à respecter leurs obligations administratives.
Bénédicte Montfort, directrice adjointe de l’Office de Tourisme du Sud.
Selon les estimations, 10 à 15% des propriétaires ne seraient pas déclarés dans le Sud.