Jusqu’à 200 personnes par jour durant le week-end des 16 et 17 septembre 2023, se sont rendues au quartier Redoute à Fort-de-France, afin de découvrir la maison d’Aimé Césaire, ceinturée par une grande terrasse.
Cette immersion (dans le cadre des 40e journées européennes du patrimoine), a permis aux autochtones et aux touristes de pénétrer dans l’intimité de l’ancien maire, député et poète martiniquais le plus connu dans le monde. Cette maison a été acquise par la famille Césaire en 1957.
Clémence a été la gouvernante d’Aimé Césaire. Elle raconte volontiers aux visiteurs, les petits "secrets" de l’intellectuel, qui par exemple, buvait beaucoup de cafés… Jusqu’à 6 par jour. L’écrivain avait aussi pour habitude de jeter son inspiration sur papier n’importe où et à tout moment.
Il déposait des livres partout dans la maison (…) et il écrivait n’importe où, dans son bureau bien sûr, mais aussi à table, en voiture, en promenade, ou en pleine nuit sur son lit. Il cachait aussi des gâteaux dans son armoire (...) et il était un amateur de glaces au coco.
Clémence Franchinard
En effet, ce qui frappe, c’est le nombre de livres répartis dans pratiquement chaque pièce de cette villa acquise en 1957, où l’homme a posé définitivement ses valises à partir de 1970, avec déjà à son actif une longue carrière de parlementaire à Paris.
La demeure abrite au total 3 bibliothèques, dont une grande.
Le bureau du chantre de la négritude est resté intact dans sa grande chambre, dont l’armoire sert de cloison.
Le jardin situé à l’arrière de la propriété aura aussi été un espace d'inspiration pour son célèbre propriétaire de son vivant.
Aimé Césaire ne regardait pas beaucoup la télévision en dehors des informations et des émissions politiques nous confie encore sa gouvernante, mais il écoutait souvent la radio dans sa chambre.
La maison Césaire sera rénovée en 2024
Au premier semestre 2024, la propriété d’Aimé Césaire sera mise en chantier, dans le cadre d’un "projet muséographique associé à la rénovation architecturale", mais avec un cahier des charges précis. La ville de Fort-de-France, propriétaire du site, la CTM (Collectivité Territoriale de Martinique) et l’État via le ministère de la culture y sont associés.
L'idée c'est de proposer un outil pédagogique à destination du Martiniquais, surtout celui qui n'a pas Bac +25, de sorte que tous nos concitoyens se sentent autorisés à venir côtoyer l'œuvre et la pensée de Césaire. Il y a un travail de traduction, de digestion en fait de sa pensée pour la rendre accessible.
Mireille Mondésir, (en charge de la valorisation du patrimoine culturel et matériel d’Aimé Césaire pour la ville de Fort-de-France)
Des moyens financiers énormes
L'intervention sur un monument historique coûte beaucoup d'argent et demande un travail minutieux et sérieux (…). Quand on intervient sur ce type de structure, on n'a pas le droit de changer le profil de la structure, donc tout le défi pour l'architecte du patrimoine, c'est de garder "l'âme" du lieu et de le placer parallèlement dans la modernité, avec des éléments numériques modernes et une scénographie particulière. L'intégralité du mobilier va aussi être restaurée au fur et à mesure (…), et pour certains objets qui seront déjà trop abîmés ou qui sont des pièces rares ou uniques, on pourra prendre la décision de faire des copies à l'identique.
Mireille Mondésir
Pour exécuter ces travaux, des artisans locaux seront sollicités.
Si ce personnel qualifié pour intervenir sur des monuments historiques n’est pas complet, le maître d’ouvrage sera contraint de faire appel à des prestataires venus du continent pour ce chantier très délicat, sur une demeure dont la construction date de 1930.