La martiniquaise Aurélie Boisnoir lauréate du prestigieux prix l'Oréal-Unesco "Pour les Femmes et la Science"

La scientifique martiniquaise Aurélie Boisnoir.
À 30 ans, Aurélie Boisnoir affiche un très beau palmarès. Parmi 700 candidatures du monde entier, la jeune martiniquaise est l'une des 35 lauréates à recevoir ce prix pour ses recherches sur la toxicité de la ciguatera aux Antilles Françaises à l'Ifremer. 
Il est des moments magiques qui reste à jamais gravé dans les mémoires. Lorsqu'Aurélie Boisnoir part pour étudier à l'université Pierre et Marie Curie à Paris, elle a conscience des sacrifices que font ses parents pour l'accompagner dans ses études bien loin de sa Martinique natale.

La partie ne va pas être facile mais la jeune fille a pour elle le goût du travail et la persévérance. 
 

"Ne t'inquiète pas maman, je serai un jour lauréate de ce prix"


En 2012, Aurélie a 22 ans et va vivre pour la première fois à Paris. Sa mère, Stéphanie, l'aide à s'installer avant de repartir vers la Martinique.
Aurélie raccompagne ensuite sa maman à l'aéroport d'Orly et remarque que sa mère est au bord des larmes. Pour lui remonter le moral, elle a soudainement une idée qui marquera à jamais son destin. 

Elle lui dit "regarde maman, tu vois l'affiche là-bas, la fondation L'Oréal et l'unesco récompensent les jeunes chercheuses pour leur projet scientifique et bien tu vois, ne t'inquiète pas, je serai un jour lauréate de ce prix". 
Aurélie Boisnoir lauréate du prix L’Oréal.
Incroyable mais vrai ! 8 ans plus tard, parmi 700 candidatures du monde entier, la jeune martiniquaise est l'une des 35 lauréates à recevoir ce prix pour ses recherches sur la toxicité de la ciguatera aux Antilles Françaises à l'Ifremer.

Une récompense prestigieuse remise par la Fondation L'Oréal et l'Unesco "pour les Femmes et la Science".
 

Croire en soi et travailler 


Pour Aurélie Boisnoir, la réussite tient à son travail, au soutien de sa famille et aux professionnels qui l'ont toujours encouragée. 

Aurélie Boisnoir réalise actuellement un post-doctorat à l’Ifremer (Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer), au Robert sous la direction de Nicolas Chomérat et Jean-Pierre Allenou.

Ses travaux ambitionnent de faire avancer la recherche sur les dinoflagellés benthiques toxiques - des microalgues présentes en mer des Caraïbes. Ces dernières occasionnent des problèmes sanitaires et économiques dans la région qui finissent par émerger dans les zones tempérées.

Pourtant, à ce jour, peu d’études récentes s’étaient intéressées à leur identification génétique ou à la caractérisation de leurs toxines. 
 

Encourager les jeunes ultramarins


La chercheuse espère susciter des vocations chez les jeunes d'Outre-mer afin qu’ils prennent conscience de la richesse des écosystèmes qui les entourent et de la nécessité de les étudier pour mieux les connaître, et donc, mieux les préserver.  Inspirée dans son parcours par des femmes – dont Elisa Berdalet, chercheuse à l’Institut de recherche marine de Barcelone et membre de son jury de thèse, Laure Guillou, directrice de recherche au CNRS, ou encore Mireille Chinain, directrice de laboratoire à l’Institut Louis Malardé, Aurélie Boisnoir reconnaît que les cursus scientifiques ont du mal à susciter des vocations chez les femmes. Pour des raisons telles que la durée des études, la précarisation de l’emploi en début de carrière, ou bien la mobilité imposée entre les contrats.

Pourtant, dit-elle, "l’audace et la ténacité sont des atouts féminins adaptés aux carrières scientifiques".

Le plus grand rêve d’Aurélie Boisnoir est de "trouver des solutions depuis les Antilles [son terrain de prédilection] pour mieux gérer les risques liés à la présence des microalgues  toxiques, tout en collaborant avec des chercheurs du monde entier" et de voir son contrat à durée déterminée à l'Ifremer se transformer en contrat à durée indéterminée...