La Martiniquaise Krystel Markos prépare de nouvelles collections

La styliste martiniquaise Krystel Markos.
Il faut avoir des doigts de fée pour être une bonne styliste. Ça tombe bien. Krystel Markos est habile de ses mains. Une dextérité qui lui a ouvert les portes des grandes écoles et maisons de haute couture. Six ans après avoir été sacrée meilleure créatrice de mode en Martinique.

En juillet 1982, la mère de Krystel Markos se rend chez son gynécologue à Cayenne. Simple visite de routine pour cette secrétaire martiniquaise, enceinte de sept mois. Ce sera un garçon, lui assure le médecin. La jeune femme est sereine. Pas pour longtemps. 

Elle pensait porter un gros bébé et voilà que j’apparais sur le monitoring fœtal.

 

Ma mère tombe dans les pommes, surtout qu’on lui annonce qu’elle attend, non pas un, mais deux garçons.

 

Quelques semaines plus tard, on lui dit que ce sera finalement un garçon et une fille. Et ce n’est qu’à l’accouchement qu’elle constate qu’elle a deux filles, ma jumelle Muriel et moi.

 

Krystel Markos, styliste-modéliste martiniquaise

 

À 7 ans, alors que la famille est rentrée vivre en Martinique, Krystel Markos se distingue déjà de sa sœur Muriel. La première est un garçon manqué qui joue aux petites voitures et fait des bêtises. La deuxième est une fille studieuse, toujours plongée dans ses livres.

La jeune Krystel Markos au mariage.

Au mariage de son parrain, Krystel Markos, désignée demoiselle d’honneur, refuse de mettre une robe. Mais en voyant Muriel, qui a pris sa place, rayonner dans de beaux vêtements, elle change d’avis, ce qui ne l’empêchera pas de s’éclipser pour aller jouer avec les garçons à "cap ou pas cap". Elle les bat et gagne le droit de grimper à un arbre, avant de se faire tirer les oreilles par ses parents.

A cette époque, Krystel Markos est incomprise pour ses gouts vestimentaires "bizarres". Elle se balade avec un carnet, où sont crayonnés ses premiers dessins de robes. Elle apprend les bases de la couture à la main, avec une de ses tantes, et confectionne un chapeau en madras pour sa grand-mère. 

La styliste martiniquaise Krystel Markos à New York et lors de défilés.

Un jour, une amie de ma mère me dit : « Tu dessines de jolies robes. Tu veux être styliste quand tu seras grande ? » Je n’avais jamais entendu ce mot.

 

Je lui ai demandé ce que cela voulait dire. Elle m’a répondu que c’est exactement ce que je fais en imaginant des robes que l’on pourrait réaliser.

 

C’était ma passion mais j’ignorais que ça pouvait être un vrai métier. Sa réponse a été ce déclic chez moi.

 

 

Son brevet des collèges en poche, Krystel Markos se lance. Après un BEP Couture au lycée Pointe des Nègres et un Bac Pro Artisanat et métiers d’art option vêtement et accessoires de mode, elle réussit le concours d’entrée à l’École de la chambre syndicale de la couture parisienne, qu’ont fréquentée Coco Chanel, Christian Dior, Yves Saint- Laurent, Jean-Paul Gaultier.

Défilé de Krystel Markos.

La formation dure trois ans, mais, au vu de son niveau, Krystel Markos entre directement en deuxième année. Au milieu de ses nouveaux amis allemands, japonais, et autres, elle est la seule Martiniquaise. En 2004, elle obtient, non seulement son diplôme mais aussi des contrats dans de prestigieuses maisons de haute couture, telles que Paco Rabanne et Balanciaga. 

En 2008, Krystel Markos travaille en Thaïlande et s’enrichit d’une nouvelle expérience. Mais son objectif, c’est de se faire un nom en Martinique, avec un style et une identité visuelle propres. De retour sur l’île, elle dessine et réalise sa première collection, présentée au château Depaz en 2013. Le public la découvre et apprécie. 

Je me positionne dans le Glamour Chic, plutôt avant-gardiste, souvent dans le monochrome noir et blanc, autour du motif que j’affectionne particulièrement, à savoir le pied de poule que je détourne à ma guise en l’associant avec tout ce qui peut me passer par la tête.

 

L'un des défilés de Krystel Markos.

En 2015, Krystel Markos décroche le Prix de la meilleure créatrice de mode et représente la Martinique à la Caribbean Fashion Week en Jamaïque. En 2017, rebelote. Elle remporte le Coup de cœur du jury du Prix Lumina et représente à nouveau son île, lors de la Brooklyn Fashion Week à New-York. En 2019, elle habille Miss Martinique pour l’élection de Miss France. 

Aujourd’hui, Krystel Markos est fière du chemin parcouru et de ses diverses collaborations : création de costumes de film, notamment pour le réalisateur Khris Burton, et confection de tenues de scène pour les artistes Jocelyne Béroard et Admiral T. En attendant de prochains défilés, elle crayonne, comme aux heures d’enfance, pour préparer de nouvelles collections.