Qui n’a jamais prononcé le mot "mimi" pour désigner quelqu’un ou quelque chose de mignon, d’affectueux, de tendre, de chaleureux ? Ce mot, fabriqué par le redoublement d'une syllabe, colle à la peau de l’artiste martiniquaise Mimi Felixine, alias Mimifé, au point que son pseudonyme a éclipsé son prénom à l’état civil.
Je suis née en région parisienne et j’ai grandi à Paris. J’ai baigné dans mon enfance dans l’univers de la musique antillaise, du jazz, de la musique classique, de la variété française et de la soul américaine.
De la Perfecta à Albinoni, de Maxime Le Forestier à Gershwin, de James Brown à Marvin Gaye, j’écoutais de tout.
À la maison, Mimi Felixine met ses oreilles à contribution et ses lèvres en sourdine. C’est une fille plutôt réservée. Elle s’extériorise rarement. Du coup, la musique devient pour elle comme une sorte de "refuge". Elle s’exprime en chantant dans son coin sur des airs qu’elle improvise au piano.
Un jour, alors que je chantais dans ma chambre, ma mère s’est étonnée. Elle m’a dit que j’avais une jolie voix. Elle m’a inscrit au conservatoire. J’ai étudié le solfège et le piano classique.
À l’adolescence, elle m’a inscrit à un cours de chant classique. Mon professeur Gérard Borrelli m’a beaucoup appris. Il m’a donné confiance en moi. Il me pensait destinée à une carrière de chant lyrique.
Mimi Felixine interprète Mozart et Puccini mais rêve de shows à l’américaine, alors que le film Fame fait à l’époque un tabac en France et dans le monde. Parallèlement à sa formation lyrique, l’adolescente martiniquaise prend des cours de variété-jazz et de danse classique pour apprendre à maîtriser la posture de son corps.
Au collège et au lycée, Mimi Felixine adore les activités sportives et prolonge sa passion dans ce domaine en suivant des cours de gymnastique artistique après l’école. Elle est vite repérée par sa professeure qui lui reconnaît "un sens artistique inné". C’est le début de l’aventure.
Un jour, ma professeure de gymnastique m’a demandé de l’accompagner à une audition. J’ai découvert l’univers des castings pour la première fois. J’ai été retenue. J’étais encore mineure.
Ma première préoccupation a donc été de savoir comment j’allais l’annoncer à ma mère. Ça s’est bien passé. Et voilà comment tout a commencé.
Je suis entrée dans la vie active au lieu de poursuivre mes études, alors que je pensais devenir préparatrice en pharmacie.
Mimi Felixine fait ses débuts sur scène comme danseuse et vole de castings en castings, tout en continuant à se former. Elle prend des cours de chant moderne et se lance comme comédienne. Elle danse avec Prince, chante pour Walt Disney dans Le Roi Lion, joue dans le film Marche à l’ombre et donne la réplique à Gérard Depardieu dans "Je préfère qu’on reste amis".
Côté musique, Mimi Felixine décroche le gros lot. Elle accompagne Johnny Hallyday comme choriste et danseuse, lors de deux tournées du rockeur, d’abord en 1993, puis en 2003.
En 1993, c’est un ami percussionniste qui m’avait recommandée au bassiste qui dirigeait le groupe de musiciens de Johnny Hallyday.
En 2003, j’ai passé une audition organisée par le chef d’orchestre Yvan Cassar. J’avais chanté pour l’occasion "Péyi mwen jodi " de Mario Canonge, accompagnée d’un tambourin.
J’espérais faire la différence en interprétant une chanson en créole et ça m’a porté bonheur.
Tout en poursuivant une carrière nationale aux côtés des plus grands, Mimi Felixine garde un lien fort avec l'outre-mer. Proche de l’artiste martiniquais Serge Ponsar, elle chante également sur les compilations Duos du Soleil et Belles de Zouk.
En 2010, Mimi Felixine enregistre un Ep (Extended play est un format musical) de 5 titres à Paris. C’est un subtil mélange de nu-jazz et de musiques traditionnelles…polynésiennes. Dans la foulée, elle quitte la capitale et pose ses bagages à Tahiti pour une nouvelle aventure qui durera dix ans.
À Paris, j’avais obtenu deux diplômes de coach vocal. A Tahiti, j’ai créé une école de chant pour transmettre à mes élèves mon savoir et mon expérience. J’ai également enseigné au conservatoire de Polynésie et coaché les candidats d’un concours local de chant.
Aujourd’hui, la chanteuse et danseuse continue de tracer son sillon en solo. Sous le nom de Mimifé, elle a publié le mois dernier sur les plateformes de téléchargement son album Soul Food For Thought. La sortie physique de cet album autoproduit de 14 titres est prévue pour le début de l’année 2022.
Dans un contexte musical et discographique difficile, Mimifé avait à cœur de composer et d'écrire pour se "raconter", comme une sorte de "résilience". Sans le soutien de sa famille et de ses amis, le projet n’aurait pas pu voir le jour.
Il y a des instants de vie, des rencontres, des expériences qui nous révèlent à nous-même et nous donnent envie de nous réinventer.
Je demeure une élève de mon métier et de ma vie, une femme toujours en quête d’apprentissage, de voyages et de nouvelles expériences artistiques. Et je ne suis pas prête de m’arrêter...