La Martinique naturellement solidaire de Saint-Vincent

L'île de Saint vincent sous les cendres.

L’éruption de la Soufrière de Saint-Vincent vient nous rappeler que la Martinique aussi est sous la menace d’un volcan. Ce qui nous amène tout naturellement à nous montrer solidaires de ce pays voisin.

I love this Caribbean "J’aime cette Caraïbe). Ces mots simples prononcés par le Premier ministre de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Ralph Gonsalves, résument un état d’esprit. Celui de la solidarité immédiate et palpable des pays de la Caricom envers l’un de ses membres dans l’affliction.

Il est prévu d’accueillir 20 000 personnes réfugiées, sur un plus de 100 000 habitants de l’île, à Barbade, le plus proche voisin, à Sainte-Lucie et à Antigue, au nord de la Guadeloupe. Mais pas en Martinique, qui dispose pourtant d’infrastructures performantes pour affronter une crise majeure. Rien d’étonnant, la Martinique n’est plus tout à fait dans la Caraïbe, contrairement à un proche passé.

Notre territoire est certes un membre associé de la Caricom, mais nous n’y sommes pas au centre. Les relations avec nos voisins sont irrégulières et épisodiques. Nous avons les yeux rivés sur la France et l’Europe. Les échanges commerciaux avec notre région sont proches de zéro. Heureusement, les relations personnelles, comme les échanges sportifs et culturels ne pâtissent pas de cette distance géopolitique.

La Martinique à la marge de la Caraïbe

 

Ceci étant, les institutions et le peuple de Martinique sauront se mobiliser envers le peuple vincentais. Nul ne peut préjuger de l’évolution de l’éruption de La Soufrière, au sujet de laquelle nous sommes nécessairement attentifs. Nous ne sommes pas à l’abri de l’arrivée de cendres volcaniques ou d’un tsunami provoqué par de violents séismes. La distance entre Martinique et Saint-Vincent n’est que de 177 kilomètres, après tout.

Les communiqués des instances politiques seront bientôt suivis d’aides concrètes, selon les demandes des autorités de Kingstown, la capitale vincentaise. Ce qui n’empêche pas des initiatives individuelles ou émanant d’associations civiques. Après tout, nous sommes dans le même bateau, ou du moins, dans le même archipel. La Caraïbe est également soumise aux mêmes risques naturels : ouragans, tremblements de terres, échouages de sargasses, pollution de l’air par la brume de sable.

Notre solidarité va jouer d’autant plus aisément que nous avons des relations anciennes avec Saint-Vincent. L’île a été l’un des refuges de nos nèg mawon, quand l’esclavage a été interdit dans les possessions de la Grande-Bretagne, quinze ans avant celles de la France. Auparavant, Saint-Vincent a été une plaque tournante de la rébellion des captifs africains échappés des bateaux négriers ou des plantations alliés aux natifs de l’île, les Kalinagos - improprement appelés Caraïbes par les colons français.

Des relations anciennes entre nos deux îles

 

Ces opprimés n’ont pas cessé de guerroyer contre les colons et leurs milices ou pour leur résister vaillamment. Des alliances ayant évolué au point que des captifs évadés se sont établis dans l’île, s’y sont mariés et ont donné naissance à un peuple nouveau, les Garifunas, déportés plus tard en Amérique centrale par les Anglais.

Les souvenirs de cette époque épique se sont perdus. Ils témoignent de ce que les relations entre Martinique et Saint-Vincent sont plus fortes que nous le pensons. Nous pouvons donc parier que la solidarité géographique et culturelle de Martinique vers Saint-Vincent ne sera pas un vain mot.