Il y avait beaucoup d'émotions dans cette salle du tribunal correctionnel ce lundi matin (21 novembre 2022). Il y avait également beaucoup de dignité de la part des parents du jeune Medhy, qui au cours des débats, ont déclaré être dans une démarche de pardon.
"Le pardon n'est pas seulement une faveur que l'on fait à celui qui est fautif. C'est un moyen pour soi de guérison. On ne pardonne pas s'il n'y a pas de faute. Pour que le pardon soit total, reconnaissez vos fautes" a lancé Maître Emmanuel Germany, avocat de la partie civile, à l'attention des prévenus.
Dans le box des accusés, le chauffeur, poursuivi pour homicide involontaire, et la représentante de Martinique Transport (l'autorité en charge du transport).
L'absence du délégataire qui n'a pas été mis en examen, interpelle. Il n'aurait pas respecté le règlement qui stipule que les enfants de moins de 3 ans, ne peuvent être inscrits que sur dérogation de Martinique Transport.
C’est un drame parce qu’un petit est parti par la faute, la négligence de ceux qui étaient responsables. Il était dans le bus et c’est vrai que le chauffeur aurait dû s’apercevoir de sa présence, il aurait aussi dû être aidé, soit par la présence d’accompagnant dans le bus ou des taties qui viennent aider à la monté ou la descente des enfants. Et surtout ça n’aurait pas dû arriver si l’autorité organisatrice avait fait tout ce qu’il fallait et avait procédé à tous les contrôles qu’il fallait. À l’heure où nous demandons plus de responsabilité et de compétences, il faut déjà bien assumer celles que l’on a.
Maître Emmanuel Germany, avocat de la partie civile
C’est rare de voir des parents qui ont perdu leur enfant, leur seul enfant qu’ils avaient. Ils n’ont de colère ni de reproche à faire au chauffeur. Ils disent : « nous n’avons pas de colère, ça c’est passé, c’est arrivé, c’est très rare de voir ça ». La mère dit « mon fils avait du mal à monter dans le bus et c’est le chauffeur qui le prenait dans ses bras ». Il a été qualifié de papa poule, de chauffeur aimant qui faisait plus que son travail et qui donnait de l’affection aux enfants qu’il transportait. C’est pour cela que c’est très dur pour lui de supporter l’idée que l’on puisse lui faire porter la mort de cet enfant de 2 ans. Je vous dis et je répète, on ne lui donner ni les moyens, ni la compétence pour pouvoir exécuter sa mission en toute sécurité pour les enfants.
Maître Max Bellemare, avocat de la défense
18 mois de prison dont 6 fermes aménageables (avec bracelet électronique), sont requis par le procureur contre le chauffeur, ainsi que 150 000 euros d'amende à l'encontre de Martinique Transport
Le délibéré est attendu le 16 janvier 2023.