La pandémie de Covid-19 redessine les frontières géopolitiques

Et si nous recevions bientôt un vaccin cubain en Martinique ? Une hypothèse à étudier dans la mesure où nous ne disposons pas des doses suffisantes pour généraliser la vaccination à toute la population. Une population sceptique quant à l’utilité de se faire inoculer un médicament fabriqué à partir d’une technique de l’ARN-messager très mal expliquée, en dépit de réels succès antérieurs.

Dans quelques mois, l’Institut Carlos Finlay de La Havane aura terminé l’expérimentation de trois vaccins. L’un d’eux, baptisé Soberana 3, est fourni en grande quantité à l’Iran afin de réaliser les nécessaires essais sur une population numériquement importante. Plusieurs autres pays sont candidats pour recevoir ces médicaments fabriqués par une méthode différente de celle de l’ARN-messager.

Plusieurs autres vaccins en lice

L’Organisation mondiale de la santé a donné son label aux futurs vaccins produits à Cuba. Ils complèteront sous peu la gamme des produits disponibles : le Spoutnik V de l’Institut Gamaleya de Moscou : le Sinovac et le CoronaVac, ou encore celui fabriqué sous licence AstraZeneca en Inde.

Les firmes pharmaceutiques occidentales ont réussi à cadenasser le marché des pays riches, mais sont incapables de fournir les autres pays. Derrière l’échec de la coalition dite "Big Pharma" des Pfizer, Johnson & Jonhson et autres AstraZeneca, se profile la vive concurrence que livrent la Chine, la Russie et l’Inde aux États-Unis et à l’Union européenne.

Ces puissances s’appuient sur des pays dotés de capacités industrielles éprouvées comme la Corée du sud, le Brésil, l’Afrique du sud, l’Algérie. Ce sont autant de relais pour pénétrer les marchés d’Asie du sud-est, d’Amérique du sud et d’Afrique. En outre, plusieurs pays d’Europe achètent déjà le vaccin russe, pour pallier les carences des laboratoires vedettes.

Une lutte d’influence planétaire

Grâce à leur maîtrise des biotechnologies, Chine, Russie et Inde s’affranchissent de la tutelle commerciale et politique occidentale sur la planète. Elles démontrent en creux l’incapacité des pays riches à promouvoir le bien partout dans le monde. Elles mettent le doigt sur les insuffisances du modèle économique et politique libéral.

En démontrant en grandeur réelle leurs capacités d’innovation technologique, leur agressivité commerciale et leurs talents diplomatiques, ces nouvelles puissances démontrent que le 21e siècle sera celui des bouleversements, sur tous les plans, au détriment de ceux qui mènent le monde depuis deux siècles.