La pauvreté en Martinique se confirme et menace l’équilibre social

les djobeurs et sans-abris (ou SDF) sont de plus en plus visibles dans la société.
Il est malaisé de le reconnaître, mais il se trouve que la pauvreté est loin de disparaître en Martinique, en dépit des dispositifs d’aide et de solidarité envers les plus démunis. Comment casser cette spirale ?

Paupérisation. Définition du dictionnaire Larousse : "phénomène social par lequel des groupes sociaux se trouvent plongés dans une situation d'appauvrissement de plus en plus profond". La Martinique est en voie de paupérisation. Un état de fait confirmé par le rapport de la commission d’enquête parlementaire sur la vie chère outre-mer déposé en juillet 2023 à l’Assemblée nationale par le député Johnny Hajjar.

La proportion de la population pauvre ne descend pas en dessous de 30% en Martinique, soit environ 100 000 personnes. Chaque fois que nous comptons trois personnes, une est considérée comme pauvre. Cette notion se mesure par le seuil de pauvreté monétaire, 1 102 euros par mois. Si votre revenu est inférieur à ce seuil, vous êtes considéré comme pauvre.

Un homme âgé vivant dans des conditions misérables à Fort-de-France en Martinique.

L’incapacité financière ne suffit pas à apprécier la complexité de la pauvreté. Celui qui n’a pas assez d’argent pour assurer ses besoins de base - se nourrir, se loger décemment et s’habiller – a du mal à accéder aux soins de santé, à l’éducation de ses enfants, aux transports, à la culture, aux loisirs.

Le phénomène s’amplifie, comme le montre l’augmentation des dons à la Banque alimentaire et le surplus d’activité des associations caritatives. Les ressorts traditionnels de la solidarité famille et sociale sont désormais distendus et ne permettent plus de venir en aide aux plus démunis comme auparavant. Normal, la famille n’étant plus l’échelon de base de notre édifice social.

Une dépendance économique voulue et pérenne

Alors, quelles solutions pouvons-nous envisager pour atténuer la pauvreté, à défaut de pouvoir l’éradiquer ? Les dispositifs de solidarité sont nombreux, notamment les prestations versées par la Caisse d’allocations familiales, les secours dispensés par les communes ou encore les aides directes fournies par les associations.

Les locaux de la Banque Alimentaire de Martinique.

Or, la solution réside dans la création de richesses. En clair la création d’emplois, le renforcement des entreprises existantes et la création d’entreprises. Nous sommes loin du compte, avec des faillites permanentes, une atonie de la commande publique, une baisse des investissements privés et la persistance du chômage.

Le taux d’inoccupation, le sous-emploi et le travail à temps partiel restent à un niveau trop élevé pour inverser la tendance. Le niveau de chômage est consubstantiel de notre régime économique et politique. Le système perdure grâce, entre autres, au chômage qui est l’un des signes de notre dépendance économique voulue par rapport à l’extérieur.

Tant que cette tendance ne sera pas inversée, nos décideurs continueront de gérer la pénurie économique et donc, les conséquences de la pauvreté. C’est précisément ce à quoi nous assistons, en l’absence d’une stratégie de développement.