"Science sans conscience n’est que ruine de l’âme". Qui ne se souvient de cette phrase de François Rabelais ? Tirée de son roman Gargantua, publié en 1535, elle est passée à la postérité depuis cinq siècles. Moine catholique devenu professeur de médecine, Rabelais souhaite montrer que le savoir n’implique pas nécessairement la faculté de compréhension. Il nous indique que nous devons savoir analyser les connaissances que nous amassons pour en tirer profit.
Un principe fort à propos pour bien s’orienter en ces temps troublés de crise sanitaire mondiale. Chercher à savoir consiste tout d’abord à diversifier ses sources d’information. Ce qui peut nous aider à nous prémunir des messages véhiculés sur les réseaux sociaux, le plus souvent par des anonymes, irresponsables par définition.
S’informer sur les caractéristiques de la pandémie, sur la recherche de traitements et sur la vaccination aide à relativiser l’émotion et à surmonter la peur. En un mot, à prendre des décisions réfléchies de citoyen exerçant son libre-arbitre. Ce qui demande de mobiliser son esprit critique. Ce qui suppose d’admettre que ce que nous estimons certain aujourd’hui peut se révéler inexact ou erroné demain.
Observation et expérimentation
Tout simplement parce que la science progresse sans arrêt, qu’elle évolue au rythme de notre compréhension du réel. Il se trouve que nous avons tendance à oublier une donnée fondamentale : la science mobilise notre capacité intellectuelle et s’appuie sur l’observation et l’expérimentation.
Il est vrai que l’éducation scientifique n’est pas le point fort de notre système éducatif. Le dernier classement du Programme international pour le suivi des acquis des élèves, le fameux palmarès PISA, classe la France au 23e rang sur 79 pays évalués.
Cette enquête effectuée tous les trois ans auprès d’élèves âgés de 15 à 16 ans est organisée par l'Organisation de Coopération et de Développement Économiques (l’OCDE) révèle que la France n’est guère bien dotée en matière d’enseignement des sciences.
Dès lors, il n’est pas étonnant que la France est l’un des rares pays où le clivage entre partisans et opposants à la vaccination domine à ce point le nécessaire débat public.
Or, l’enjeu est beaucoup plus crucial que cette opposition inopérante. Il s’agit rien moins que de revenir à la démarche de la science, en tournant le dos aux croyances et à la médisance.