La sociologie électorale, une science nécessaire pour les très nombreux candidats

Électeurs lors des municipales de mars 2020 en Martinique.

Comment vont s’y prendre les candidats des 14 listes en compétition pour les élections territoriales afin d’emporter l’adhésion du corps électoral ? La réponse est plus délicate qu’il n’y paraît.

Quelles sont les cibles des différents acteurs de ces élections territoriales ? Quelles fractions de l’électorat veulent et peuvent toucher les quatorze candidats ? La mauvaise réponse consiste à répondre : tout le monde. L’électorat, ici comme ailleurs, est divisé en catégories et sous-catégories.

Tous les citoyens n’ayant pas les mêmes opinions politiques, les mêmes croyances philosophiques ou spirituelles, les mêmes pratiques religieuses, ils ne peuvent pas tous voter comme un seul homme - ou comme une seule femme. De même, chacun de nous n’a pas reçu la même éducation familiale, ni suivi le même cursus scolaire.

De plus, nous ne pratiquons pas tous le même métier, car nous ne possédons pas les mêmes compétences professionnelles. Dans le même ordre d’idées, nous ne fréquentons pas les mêmes lieux pour effectuer nos achats et pour pratiquer nos loisirs. Nos revenus nous confèrent un pouvoir d’achat et son corollaire, des aspirations personnelles, qui nous différencient fortement les uns des autres.

Tout le monde n’a pas les mêmes opinions…

 

À ces évidences, ajoutons plusieurs autres signes de distinction sociale, comme la catégorie socioprofessionnelle. Les ouvriers ne votent pas comme les patrons, ni comme les enseignants. Tout en sachant que ces couches sociales ne votent pas de manière homogène.

L’appartenance à une génération aussi importe. Un jeune de moins de 30 ans ne fera pas automatiquement le même choix que ses grands-parents. De même, un étudiant ne possède pas le même bagage civique qu’un retraité.

D’autres critères importants entrent en ligne de compte pour expliquer notre comportement électoral : la religion, le milieu familial, l’entourage amical, le voisinage, le regard que nous portons sur la vie politique, l’importance que nous donnons à nous informer par nous-mêmes. En résumé, chaque électeur est un concentré de la société dans laquelle il vit et en même temps, son reflet.

…et ne peut pas voter dans le même sens

 

Nous savons aussi que les électeurs ne peuvent pas avoir les mêmes points de vue sur l’offre électorale. Cette année, en plus, elle est particulièrement fournie, avec 14 listes se destinant à la gouvernance de la CTM. Le choix est si ouvert qu’il peut provoquer en retour deux autres choix.

Tout d’abord, l’abstention, chez celles et ceux qui ne parviennent pas à se déterminer devant une telle profusion, précisément à cause de cette profusion. Ensuite, le vote utile, ou ce qui est considéré comme tel, afin que son bulletin de vote soit utilisé comme l’expression d’un vrai choix.

Les candidats doivent donc savoir diversifier leurs discours et leurs programmes durant cette campagne électorale pour attirer le plus grand nombre d’électeurs. Et ceci, tout en sachant qu’il n’existe pas quatorze courants de pensée différents dans notre Martinique magnifique.