La tradition haïtienne de la soup joumou se perpétue

En 2021, la soup joumou a été ajoutée à la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO.

Cette soupe est le premier repas consommé spécifiquement le 1er janvier, jour de la proclamation de l’indépendance d’Haïti.

Le comité de l’UNESCO a affirmé que la soup joumou est "profondément enracinée dans l’identité haïtienne, dont la préparation favorise la cohésion sociale ainsi que le sentiment d’appartenance aux communautés."

L’élément constitue une tradition culinaire historique et inclusive d’Haïti, qui enseigne la tolérance, le respect de la dignité humaine et l’égalité. Il est préparé, partagé et apprécié de façon très large, à travers l’ensemble du pays, dans des zones aussi bien rurales qu’urbaines. L’élément symbolise la lutte contre la colonisation et constitue une expression culturelle forte de l’identité haïtienne 

Comité de l'UNESCO

Si les femmes jouent un rôle central dans la transmission des recettes, la préparation de la soup joumou est une activité familiale et communautaire.

Les femmes gèrent l'organisation, les enfants aident à préparer les ingrédients, les artisans fabriquent les marmites en aluminium et les agriculteurs travaillent la terre afin de récolter les légumes.

Aujourd’hui, plusieurs variantes de cette soupe existent dans les cuisines caribéenne et latino-américaine.

En Haïti, des actions ont été conduites par l’État dont un programme de Master en Histoire, mémoire et patrimoine, des ateliers de renforcement des capacités parrainés par l’UNESCO ainsi que des ateliers de formation des enseignants sur la symbolique de la soupe.

Une soupe chargée d'histoire

Pendant la période de l’esclavage, ce plat, si chargé de l’histoire du peuple haïtien, était consommé uniquement par les maîtres et les propriétaires de plantations.

Les personnes mises en esclavage préparaient la soupe mais elles n’avaient pas le droit d’en consommer.

Après la Révolution en Haïti et la libération du colonialisme français le 1er janvier 1804, la soup joumou représentait la liberté, l’émancipation et l’indépendance. Haïti est le premier pays du monde où le peuple mis en esclavage a pris le pouvoir des esclavagistes.  

Une recette riche en ingrédients

La soup joumou est préparée avec l’ingrédient de base, le giraumon. On y ajoute du bœuf avec des os et des légumes comme des carottes, des oignons, du céleri, de la banane jaune et du chou Caraïbe.

Aujourd’hui, des chefs cuisiniers rajoutent des vermicelles.

La soupe est assaisonnée avec du sel, des épices, du piment, du jus du citron vert, de l’huile, de l’ail et du persil.

Elle est servie bien chaude avec du pain.

La soup joumou connaît un immense succès sur la toile où l'on peut trouver des centaines de recettes.

La tradition se maintient

En 2024, Haïti va fêter ses 220 ans d’Indépendence. Malgré toutes les difficultés, la population va continuer à préparer la soup joumou. 

En Martinique, l’Association Amitié Caraïbe Amériques (AmCaAm), Léritaj Nou et l'atelier du chef Mika proposent une animation culturelle autour d'une soup joumou, la soup lendependans Ayiti. 

L'évènement aura lieu le 1er janvier 2024 à partir du 16h au Centre culturel Tanbou Bô Kannal à Fort-de-France.