C’est lors d’un récent séjour en Martinique que nous avons rencontré la star, toujours souriante et pétri d’humour. Âgé de 68 ans bientôt (le 18 avril), Franky semble désormais savourer le temps qui s’égraine en veillant surtout à son "bien-être mental et physique", puisque sa carrière est faite.
Je n’ai pas vu passer le temps car j’ai beaucoup bourlingué. J’ai eu beaucoup d’opportunités et des bâtons dans les roues aussi, mais j’ai outrepassé tout cela (…). Ce dont je suis le plus fier, c’est d’avoir pu faire cette carrière car je ne pensais pas atteindre un demi-siècle de scène à ce rythme-là. Cela dit, ces 10 dernières années, j’ai quand même revu ma philosophie et mon hygiène de vie. Cela m’a beaucoup aidé.
Franky
"Être dans l’énergie"
Mais comment résister aux critiques dans un premier temps et réussir finalement avec comme source principale d'inspiration… le sexe ?
"Il faut être dans l’énergie et croire en ce qu’on fait. J’ai même la prétention d’avoir contribué à l’évolution des mœurs aux Antilles" répond fièrement Franky, "et l’énergie, c’est la santé qu’il faut préserver".
La France continentale "pour évoluer sereinement"
Sachant que j’étais "politiquement incorrect" et sachant aussi que j’étais rejeté dans mon île natale (la Guadeloupe), je me suis dit à un moment donné, que je ne pourrai plus évoluer sereinement dans ce métier si je ne tente pas une percée au national. Mais j’ai la chance inouïe d’être toujours soutenu par les médias. C’est pour cela que je dis avec humour, j’appelle un chat un chat, mais j’appelle aussi une chatte, une chatte [rire].
Franky Vincent
Mais derrière la dérision de Franky, se cachent des blessures.
Je suis en mal de reconnaissance en effet dans mon pays en fin de compte, c’est vrai… et cela m’a toujours interrogé, parce qu’au fond, je suis un grand sensible, un sentimental qui se cache derrière l’ironie (…). Je n’en veux pas à la Guadeloupe, mais à une certaine génération, la mienne, qui au départ me rejetait et le rejet, je ne peux pas en faire le deuil.
L’artiste
"Adopté par les martiniquais"
De plus, ce qui m’a toujours interpellé, c’est que je suis beaucoup plus apprécié en Martinique qu’en Guadeloupe. J’ai une profonde reconnaissance pour les martiniquais. Je connais mes parents biologiques, la Guadeloupe, mais j'ai été adopté par la Martinique (…). Et en France continentale, ils m’ont mis sur un piédestal, plus que Kassav. Jusque dans les campagnes profondes, on connaît "vas-y Franky c’est bon…", même sans savoir qui je suis physiquement. C'est que du bonheur !
Franky
Il faut dire que l’avènement des réseaux sociaux a accompagné la percée de Franky sur le territoire national, ce qu’il reconnaît lui-même. "Grâce aux réseaux sociaux, YouTube, etc., les gens ont commencé à faire plus amples connaissances avec mon répertoire, que dis-je, mon œuvre" [rire].
Et la famille ?
À ce jour, Franky Vincent comptabilise près de 200 chansons à la SACEM, en tant qu’auteur-compositeur, pour la postérité. Et quand on lui demande s’il appréhende la mort, il rétorque que "la mort est une délivrance".
Des "démons" qui hantent ses nuits ? "Non" dit-il. Mais il y a l’autre grande blessure de sa vie, c’est le fait de ne pas avoir vu grandir ses enfants.
Pris par mes activités artistiques, je n’ai pas vu grandir mes 4 garçons. C’est le seul regret que je pourrais avoir si je devais mourir aujourd’hui. Je me suis donné à ma folle passion certes, mais je sais aussi que les enfants en général sont ingrats (...). Mon dernier âgé de 18 ans, je le vois de temps en temps et il m’a pardonné une multitude de choses. Nous avons même fait un duo, dans lequel il rappe. Mais aucun homme n’est pas parfait (…).
Franky
"Une grande tournée" anniversaire
Concernant la série de concerts, les dates ne sont pas arrêtées, mais l’artiste a déjà son planning en tête. Les Antilles-Guyane bien sûr et plusieurs autres territoires ultramarins. Et puis il y a la France hexagonale, les métropoles et les moyennes villes.
Ce sera une grande tournée, Paris, Lyon, Marseille, Lille, Bordeaux… Il n’y a pas de retraite dans ce métier ; tant que j’aurais l’énergie, je serai sur scène.
Franky
Si Franky Vincent n’est pas disposé à raccrocher, il aspire néanmoins à une vie moins tumultueuse qu’auparavant. L’idéal confie-t-il, ce serait de "pouvoir vivre 6 mois dans l’hexagone et 6 mois aux Caraïbes".
Et il conclut en ajoutant à propos de ses 50 ans de carrière, "plus que jamais, j'adore les femmes, car elles ont particulièrement contribué à mon succès".