Ils sont une trentaine de marins-pêcheurs venus des quatre coins de la Martinique et ils ont laissé leur bateau à quai ce matin (19 février) pour se rassembler nombreux dans un symbole de l'autorité de la mer, l'immeuble de la direction de la mer de Martinique.
Ils contestent les actions du comité des pêches de Martinique et demandent aux services de l'État de considérer la reconnaissance des spécificités de la pêche locale dans les réglementations.
La difficile cohabitation des zones de mouillage
Durant près de deux heures, la délégation a échangé avec le représentant de la direction de la mer qui reconnaît que les actions menées prennent du temps. Notamment celles concernant les zones de mouillages.
Avec 3 000 places de mouillages répertoriées et la présence de 30 000 navires de plaisance durant la saison haute, la cohabitation est difficile et les compromis prennent du temps. "Pour le mouillage à Saint-Pierre, le projet date de 2012". La concertation avec les associations de marins-pêcheurs reste une priorité pour "tenir compte des spécificités de chaque zone", confie Guillaume Hervé, le directeur adjoint de la mer.
Un autre point de revendication est l'ouverture de la zone de cantonnement de l'îlet à Ramiers. Cet espace maritime est protégé par un arrêté depuis 1999 à la demande des pêcheurs. Cette réserve permet la reproduction de nombreuses espèces de poissons.
Il y a eu un vote favorable au maintien de la zone de cantonnement au mois de juin, c'est aux marins-pêcheurs de trouver un consensus avec leur représentant pour envisager l'ouverture de cette zone.
Guillaume HervéDirecteur adjoint de la mer
Le comité des pêches contesté
À travers cette mobilisation, c'est la légitimité du comité des pêches de Martinique qui est remise en cause par le collectif des syndicats des marins-pêcheurs et associations de Martinique. La trentaine de manifestants mobilisés aujourd'hui prouve que le malaise existe et persiste si l'on considère les mobilisations récentes.
Pour le collectif, leurs doléances ne sont pas remontées et cela a pour conséquence la "destruction de la profession".
Nous respectons le président du comité des pêches, mais il faut qu'il nous respecte aussi ... Si nous sommes mobilisés aujourd’hui c'est parce que nous sommes à bout.
Robert StevePrésident association des marins-pécheurs du Prêcheur
Les points de la plate-forme de revendications
En l'absence de relais par leur instance représentative, le collectif souhaite obtenir des réponses concrètes des instances de l'état à leurs revendications.
Ils resteront mobilisés pour avoir gain de cause. Pour René Adémar âgé de 83 ans, ex-président du comité des pêches, "c'est une question de survie".
Les 6 points de revendications :
- La mise en place d'une véritable concertation générale sur les zones de mouillage organisé, avec notamment l'activation d'une commission ad hoc.
- Le respect des zones de pêche au Prêcheur et la réparation financière du matériel de pêche détruit à tort par les services publics.
- La mise en place de mesures limitatives des bateaux forains.
- L'ouverture définitive de la zone de cantonnement de l'îlet à Ramiers et l'annulation des verbalisations abusives des marins-pêcheurs.
- La reconnaissance de la spécificité de polyvalence de la pêche locale face à l'inadéquation de la réforme des segments de pêche.
- La lutte contre le braconnage et le commerce illégal des produits de la mer.