Comprendre les dynamiques démographiques des Outre-Mer et anticiper leurs conséquences. Tel est l’objet de la mission parlementaire composée de trois députés : Mikaélé Séo de Wallis-et-Futuna (groupe Renaissance), Elie Califer de Guadeloupe (Socialistes et apparentés) et Jiovanny William de Martinique (Nupes). Ils souhaitent proposer des solutions afin de maintenir les forces vives sur nos territoires, et de les enrichir, par voie de conséquence.
La Martinique et la Guadeloupe sont les deux territoires les plus concernés, affectés par le déclin démographique. Cette tendance se traduit par deux phénomènes connexes, le vieillissement de la population et les départs massifs des jeunes en France ou à l’étranger. Les députés devront imaginer des scénarios pour faire revenir au pays nos émigrés. Ce qui suppose une prise de conscience collective, mais aussi la mise en commun des efforts des collectivités, des entreprises, des associations et des familles.
Vivre et travailler au pays
Sur le plateau du journal télévisé de Martinique La 1ère mardi 12 décembre 2023, le député William a fait allusion aux initiatives prises, sans les nommer, par des collectivités et des associations. Le retour au pays n’est plus un slogan, mais une réalité tangible qu’il convient d’amplifier, explique le parlementaire.
Dans cette logique, nous pouvons citer l’activité débordante de l’association "Alé Viré" de la sénatrice Catherine Conconne. Elle se targue d’avoir facilité le retour de plus de 1 000 familles. Son but est de lutter contre le dépeuplement de la Martinique et de mettre en valeur l’attractivité du territoire.
C’est également l’objectif de la Collectivité Territoriale de Martinique. Elle dispose de moyens financiers et humains autrement plus conséquents que des citoyens. Un dispositif, la Maison du retour et de la famille, a été mis en place en ce sens. Voté en février 2023 par l’Assemblée de Martinique, son objectif est de rendre notre territoire plus séduisant aux yeux de nos émigrés.
Pour une nouvelle politique démographique
Ce qui passe, selon la CTM, par une ambitieuse relance de l’activité économique, le renforcement de la sécurité publique, l’amélioration des systèmes d’éducation et de santé. En quelque sorte, créer un environnement favorable à la réinstallation de ceux qui sont partis pour travailler ou se former.
Les dirigeants de la CTM savent aussi que la collectivité ne peut pas, à elle seule, impulser les politiques publiques qui s’imposent dans ce domaine. D’où la proposition du président du conseil exécutif de la signature d’un "Pacte démographique" avec l’État. Serge Letchimy attend encore la réponse de Philippe Vigier. Il n’est pas certain que cette réponse vienne.
Du reste, le député Jiovanny William estime que nous subissons les conséquences de la politique mise en place avec le Bumidom (Bureau des migrations des originaires des départements d’outre-mer) en 1963. Désormais, "la France se doit d’avoir une politique démographique inversée pour faire en sorte que nos territoires puissent retrouver de la vitalité", poursuit-il. Ce qui sera compliqué, dans la mesure où "l’État ne comprend pas l‘exil, l’État ne comprend pas qu’il a échoué" sur le plan de la politique démographique, selon lui.