Le dernier recensement annuel de la population de la Martinique confirme notre déclin démographique. Un phénomène parfaitement explicable et prévisible depuis une trentaine d’années.
Avec 368 783 habitants au 1er janvier 2018, la population de Martinique baisse de 16 768 personnes par rapport au recensement de 2013. En cinq ans, la perte est d’autant spectaculaire que les experts de l’INSEE avaient prévu, il y a une trentaine d’années, que nous aurions dû être largement au-dessus des 400 000 habitants aujourd’hui.
Ce recul démographique illustre aussi bien le vieillissement continu de notre population que l’importance de l’émigration, essentiellement vers la France continentale. Le signe le plus évident de cette décrue est la baisse régulière des naissances, autour de 4 000 par an contre 11 000 en 1965, année record.
Depuis un demi-siècle, la baisse de la natalité est constante, pour deux raisons. Tout d’abord, l’amélioration des conditions de vie entraîne les femmes à avoir moins d’enfants que leurs mères et leurs grand-mères. Un phénomène universel vécu ici aussi.
La baisse de la population est-elle inexorable ?
Ensuite, l’émigration planifiée par l’Etat, via le Bumidom, de plusieurs milliers de jeunes femmes et hommes durant les décennies 1960 à 1980. S’ils n’étaient pas partis, ces jeunes auraient pu avoir leurs enfants sur place, ce qui aurait atténué la baisse de la fécondité.
Ces deux phénomènes précèdent chronologiquement un troisième, plus récent : la supériorité du solde migratoire sur le solde naturel. La différence entre les départs du territoire et les arrivées est d’environ 1 200 personnes chaque année. Dans le même temps, la différence entre les naissances et les décès est positive d’environ 1 000 personnes.
Résultat : une baisse mécanique de la population, observée depuis une vingtaine d’années. Une véritable hémorragie concernant majoritairement les jeunes poursuivant des études ou à la recherche d’un emploi. S’ils pouvaient effectuer leur formation ou travailler au pays, ils ne partiraient pas en masse, ou ils y reviendraient.
Les causes de notre déclin démographique sont parfaitement connues. Les solutions existent pour retenir sur place nos jeunes désireux d’horizons plus sereins, ou pour les inciter à revenir. L’immigration constitue également une solution pour enrayer la baisse continue de la population native, qui ne doit pas être considérée comme définitive et inexorable.
(Re)voir l'analyse de Nadia Chonville, sociologue, interrogée par Cyriaque Sommier.