Notre histoire politique nous eut été enseignée à l’école, nous aurions su que le droit de vote des femmes a été aussi une affaire martiniquaise.
Nous aurions su alors ou remettre dans leur contexte les écrits et les prises de position d’Irma Cécette, de Camille Fitte-Duval, d’Irmine Romanette, de Claude Carbet, ou encore de Paulette Nardal. Ces cinq militantes féministes du 20e siècle ont joué un rôle déterminant dans cette conquête.
Irma Cécette est une militante mutualiste à Saint-Pierre à la fin du 19e siècle.
À cette époque, les mutuelles sont des lieux d’éducation civique et politique. Leurs membres déploient un activisme permanent pour la protection sociale de leurs membres et pour l’égalité des droits.
Irma Cécette écrit une brochure dans laquelle elle réclame que les femmes puissent voter.
L’éruption catastrophique de la Montagne Pelée en 1902 détruit la ville, rendant impossible l’édition de la brochure. Le combat se poursuit, d’autant plus que cette revendication est universelle.
Ainsi, le 8 mars 1910, le congrès des militantes socialistes européennes à Copenhague, au Danemark, décide de dédier chaque année un moment "à la propagande en faveur du vote des femmes."
Une exigence des féministes martiniquaises
La revendication est relayée en Martinique. Par exemple, en 1925, la société mutualiste "Les Dames de Tivoli" présidée par Camille Fitte-Duval tient une conférence à ce propos. L’historien Gilbert Pago le rappelle, dans le quotidien France-Antilles du vendredi 19 avril 2024 (réservé aux abonnés).
Gilbert Pago revient sur les déclarations et les actes de femmes instruites, des intellectuelles, comme l’écrivaine Irmine Romanette.
Mentionnons aussi la conférence donnée en 1931 par la romancière et poétesse Claude Carbet. Elle provoque un scandale en affirmant que les femmes et les hommes doivent bénéficier des mêmes droits civiques. L’année suivante, la journaliste Paulette Nardal s’engage sur ce terrain.
Un droit acquis à la fin de la guerre
Il faudra attendre la fin de la Seconde guerre mondiale pour que ce droit devienne réalité. Le gouvernement provisoire de la République française présidé par le général de Gaulle, publie un amendement rédigé par l’un de ses membres, Fernand Grenier, cadre du Parti communiste. Le texte en date du 21 avril 1944 stipule que les femmes peuvent voter et être élues.
Dans les semaines qui suivent, le 11 juin, sous l’impulsion de Jane Léro, l'Union des femmes de la Martinique commence une intense propagande afin que ce droit s’exerce aux premières élections libres.
Le 27 mai 1945, les Martiniquaises, désormais citoyennes à part entière, votent pour la première fois à un scrutin politique. Du moins, elles en ont la possibilité. En définitive, elles ne se bousculent pas devant les urnes, vu le poids des habitudes et l’hostilité ambiante.
D’autres conquêtes parachèveront l’égalité politique entre femmes et hommes.
La loi la plus emblématique est celle sur la parité, votée en juin 2000, pour la représentation dans les assemblées délibérantes locales.
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