Le gouvernement libéral se dit prêt à réformer le système générant le mal-développement des collectivités d’Outre-mer

Bruno Le Maire en Martinique lors d'une réunion notamment avec des acteurs économiques.
À quoi aura servi la visite de Bruno Le Maire ? Le ministre de l’Economie a effectué un déplacement de quatre jours en Guadeloupe et en Martinique, durant la semaine du 22 mai 2023 dans la perspective du prochain comité interministériel sur l’Outre-mer. Non sans avoir délivré un message inédit.

Comment faire baisser durablement les prix ? Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, était attendu sur ce terrain-là, lors de sa visite aux Antilles visant à préparer le prochain comité interministériel consacré à l’Outre-mer, le 12 juin 2023.

Le ministre avance plusieurs pistes. Il se dit partisan d’un contrôle plus rigoureux des prix. Il dit militer pour la transparence sur les bénéfices des industriels et des distributeurs.

Ceci, afin de mieux protéger les consommateurs. Il prend pour exemple le "Bouclier Qualité-Prix" qui a bien fonctionné, répète-t-il. Ce qui reste à démontrer. Toutefois, le ministre de l’Economie a lâché une petite phrase lors de son entretien au journal télévisé de Martinique La 1ère, vendredi 26 mai.

"La meilleure réponse à la question du pouvoir d’achat, c’est de donner du travail à chacun, et de donner un salaire le plus digne possible à chacun". Ce qui signifie qu’il existe, selon Bruno Le Maire, un lien direct entre chômage et vie chère. Avec de nombreux économistes, il pose l’axiome selon lequel le recul du chômage permet à un nombre plus important d’agents économiques disposant d’un revenu tiré du travail d’acheter des produits dont les prix vont baisser, puisqu’ils sont vendus à un nombre plus grand de consommateurs.

La création d’emplois permet la création de richesses

Créer des emplois et ouvrir des entreprises, ou augmenter leur production, permet de créer de la richesse dans le territoire et d’offrir à chacun les moyens financiers de vivre décemment de son travail. Un dogme d’une simplicité enfantine que nul ne peut contester. Notre élite est parfaitement convaincue qu’un agent économique disposant d’un revenu d’activité professionnelle est en capacité de consommer, d’épargner, d’investir, d’éduquer ses enfants, de se soigner, de se déplacer, de se distraire.

À se demander les raisons pour lesquelles nous ne prenons pas le chemin de la création d’emplois, depuis le temps que nous connaissons cette équation quasiment mathématique. Du reste, plusieurs experts entendus par la commission d’enquête parlementaire sur la vie chère Outre-mer ont expliqué aux députés que la lutte contre le chômage est une clé essentielle de la lutte efficace et durable contre l’inflation des prix.

L'intérieur d'un hypermarché, au rayon fruits et légumes.

La pauvreté génère le mal-développement

Ces spécialistes ont démontré devant la commission, que la persistance des prix élevés s’explique par la pauvreté. Du moins, par le faible nombre de personnes ayant un pouvoir d’achat suffisant pour consommer décemment. D’où cette idée avancée à plusieurs reprises devant les députés, ou par certains de ceux-ci, de remettre en cause notre modèle actuel de développement.

Lequel demeure tributaire du poids du passé, encore trop présent, illustré par la quasi-obligation de commercer avec la France, dans les deux sens. Les surcoûts du transport pourraient être amoindris si nous échangions avec nos voisins de la Caraïbe et des Amériques. De plus, nous pouvons disposer sur ces  marchés de produits moins onéreux et d’une qualité équivalente que ceux qui viennent d’Europe.

S’engager sur la création d’emplois dignement rémunérés et atténuer notre dépendance à l’extérieur signifie aussi inventer un nouveau modèle politique et un nouveau contrat social. Est-ce là le message qu’a voulu délivrer le ministre de l’Economie ? Pour ce gouvernement libéral, un tel discours à propos de l’Outre-mer serait inédit.