Difficile pour les professionnels de la nuit de reprendre une activité normale, après plus de 2 ans de pandémie, ponctués par la multiplication des couvre-feux. Le dernier a duré 8 mois, avant sa levée par les autorités, le 1er avril 2022. Ces mises successives sous cloche ont particulièrement affecté les restaurateurs, les bars, les discothèques et autres clubs privés.
Depuis 30 ans, Philippe Montagnac cumule toutes ces casquettes et c’est la première fois qu’il a été "confronté à un tel marasme". De plus, il a eu la mauvaise idée d’anticiper l’acquisition d’un nouvel espace nocturne au rond-point du Vietnam Héroïque à Fort-de-France en 2021, "en pensant que la crise n’allait pas durer".
Cela a été très difficile car j’ai repris cet espace en plein Covid, donc je n’ai bénéficié d’aucune aide et pas un centime de recette évidemment. Or, il fallait payer les loyers malgré l’inactivité et prévoir les réaménagements exigés par l’Etat pour la partie restauration, lorsque des périodes d’ouverture partielle étaient autorisées. Ma plus grosse incompréhension c’est le fait que les établissements déclarés comme le mien, avec une enseigne, ont été souvent contrôlés, tandis que des soirées clandestines se déroulaient régulièrement, avec jusqu’à 2000 participants sans masque ni distanciation physique et tout le monde le savait. Forcément, nous en avons pâti aussi. Personnellement, j’ai vécu cela comme une injustice et je le dis haut et fort.
Philippe Montagnac - patron du Red-Corner
Face à ces déconvenues à répétition, Philippe Montagnac a même songé à jeter l’éponge, mais "il fallait sauver 8 emplois à temps plein" et il est devenu propriétaire des lieux. Et puis il y a la passion qui prend toujours le dessus chez l’ex champion cycliste qui a la culture de l’endurance.
"En tous cas, nos clients sont contents de retrouver leur liberté et de pouvoir s’amuser presque comme avant", puisque le masque reste obligatoire à l’intérieur des ERP (Etablissements Recevant du Public) jusqu’au 9 avril prochain, puis il sera recommandé. Mais Philippe avoue que les noctambules sont "peu enclins à respecter cette consigne depuis vendredi dernier".
"Des confrères ne vont plus se relever"
"La suppression du couvre-feu c’est vraiment un soulagement pour nous". Quant à la piste de danse de cet établissement, elle sera autorisée comme ailleurs à compter du 9 avril également.
Cela dit, Philippe Montagnac comme ses concurrents, redoutent une nouvelle vague de la pandémie, "ce qui serait irrémédiable pour nos entreprises si particulières, après deux ans de galère. Et je sais qu’il y a des confrères qui ne vont plus se relever".