Le personnel politique à la recherche de nouveaux clivages idéologiques

Bulletin de vote.

Comment choisir la bonne liste pour les élections territoriales ? La campagne électorale prend à peine son essor, mais les interrogations subsistent quant la capacité du personnel politique à mobiliser les citoyens sur la base de discours clairs et convaincants.

Sur quelles bases politiques pourrons-nous choisir notre liste aux élections territoriales ? Il ne s’agit pas d’attraction pour les personnalités en lice, ni de leur capacité de séduction. Il s’agit de savoir si nous devons accorder notre confiance à des partisans de l’autonomie au sein de l’ensemble français, ou à des militants de l’indépendance nationale, ou encore à des personnalités rejetant ces deux options, lui préférant le statu quo.

Il est évident que la question n’a plus aucun sens en 2021. La dynamique de notre vie politique n’est plus alimentée par la querelle sur le statut, impliquant le débat sur nos rapports avec la France et l’Europe. Ces sujets ont néanmoins cristallisé les positions sur l’échiquier politique depuis au moins les années 1950. Désormais, les divergences entre nos formations politiques sont beaucoup moins nettes. Les clivages idéologiques se sont estompés au fil du temps.

Il est devenu compliqué pour les électeurs de se déterminer parce qu’il est compliqué pour les citoyens de se retrouver dans le champ politique. Par exemple, qu’est-ce qui distingue clairement le MIM d’Alfred Marie-Jeanne de Ba péyi-a an chans de Yan Monplaisir ? Où se situent les désaccords fondamentaux entre le PPM de Serge Letchimy et le RDM de Claude Lise ? En quoi Péyi’a de Marcellin Nadeau et Jean-Philippe Nilor est-il foncièrement éloigné du Parti socialiste de Béatrice Bellay ?

Les clivages idéologiques se sont  estompés

 

En analysant les discours et les écrits de nos formations politiques, il est évident qu’elles se retrouvent sur les sujets de vie quotidienne, sur la priorité donnée aux investissements utiles, sur la protection de l’environnement, sur la prise en compte de la santé de la population. Et, surtout, sur le maintien de notre insertion au sein de la sphère franco-européenne.

Des nuances existent çà et là, bien entendu. Des désaccords se font jour aussi sur tel ou tel dossier. Or, sur l’essentiel, à savoir l’évolution au sein du cadre institutionnel et du schéma économique, les divergences sont moins ténues. Comme si un consensus a été élaboré, sans le dire, entre les familles politiques. Ce que certains considèrent comme un élément positif peut aussi être vu comme un obstacle à la clarification de débat public.

Cette situation est sinon nouvelle, du moins peu fréquente, dans notre histoire. Jusqu’au début des années 2000, les couleurs et les nuances du paysage politique étaient clairement identifiables. Il fallait se positionner pour ou contre l’intégration au sein de la république. Cette ligne de partage était héritée de la période durant laquelle la revendication de l’assimilation constituait la valeur politique cardinale.

Un consensus politique non dit

 

Les partisans de l’égalité des droits ont toujours été les forces progressistes : les républicains au XIXème siècle, les socialistes puis les communistes au XXème siècle. Les opposants à l’assimilation, la droite conservatrice et ses alliés, s’y sont finalement convertis dans les années 1960.

Depuis, il était plutôt aisé pour un électeur de choisir son camp. Il se trouve qu’avec le desserrement du carcan des institutions permis par la révision de la Constitution en mars 2003, le débat politique s’est considérablement apaisé.

Il se trouve que cette libéralisation s’est traduite par un mouvement parallèle de brouillage des repères habituels et de complexification du discours politique. Dès lors, les candidats à la gouvernance de la CTM ont un défi majeur à relever, celui de proposer des objectifs compréhensibles aux électeurs. Là n’est pas la moindre difficulté qui leur revient de surmonter.