Le pessimisme est-il obligatoire en 2022 ?

L’année 2022 semble commencer exactement comme avait commencé 2021, sous le signe de la pandémie provoquée par le virus SARS-Cov-2. Est-ce une raison suffisante pour désespérer, alors que nous avons les moyens de résister à la morosité ?

La santé, cette année encore, sera probablement le maître-mot des vœux de Nouvel An que nous adresserons et recevrons. Quand nous souhaitons à quelqu’un d’avoir la santé, il s’ensuit généralement une phrase comme : « Et tout le reste viendra après ». En cette époque de pandémie interminable, ces vœux prennent tout leur sens.

Or, ils révèlent un étrange paradoxe. Nous n’avons jamais été aussi bien portants, aussi nombreux et vivant aussi longtemps, aussi bien soignés et aussi bien pris en charge. Et pourtant, notre santé reste au coeur de nos préoccupations. Les sujets d’inquiétude à ce propos ne manquent pas.

Citons entre autres exemples les effets de la pollution de l’air, de la mer, des rivières et des sols ; l’expansion des cancers et de la maladie d’Alzheimer ; l’état pitoyable de notre hôpital public. Alors que nous vivons mieux et plus longtemps que nos parents et grands-parents, notre santé, collectivement, semble se dégrader. Curieux phénomène ne laissant personne indifférent.

La nouvelle année commence sur un ton pessimiste

 

Ainsi, l’année commence sur une tonalité pessimiste. Est-ce à dire que nous devons nous y résigner ? Et pourquoi ne pas nous élever, l’espace d’une journée, au-dessus de notre unique condition ? Et si nous nous pensions comme parcelle d’un peuple en formulant des vœux collectifs, en lesquels chacun pourrait se reconnaître ?

Ce serait une manière de se sentir un peu plus fiers d’appartenir à ce pays que nous construisons, chaque année un peu plus. Nous pourrions ainsi montre une plus grande bienveillance. Nous sommes souvent trop pressés, trop énervés, trop impatients, sous l’empire du « tout, tout de suite ». Ce qui nous amène à manquer de tolérance.

Rien ne nous contraint à la résignation éternelle

 

La tolérance, cette qualité nous commandant d’accepter l’autre tel qu’il est, et non à le juger avec nos seuls critères. Or, bienveillance et tolérance ne peuvent être atteintes sans un minimum de confiance. Confiance en nous-mêmes et en notre capacité collective à nous investir pour le bien commun.

Dans le passé, la confiance n’a pas manqué à nos ancêtres. Ils ont su résister à l’oppression coloniale, à l’ignominie du racisme, aux maladies et aux catastrophes naturelles. Nous ne le savons pas forcément, mais ils nous ont légué ce trait de caractère consistant à surmonter un traumatisme : la résilience. Au fil du temps, nous avons su l’utiliser, à de multiples reprises.

En recensant les malheurs ayant accablé notre peuple depuis la nuit des temps, nous aurions dû déjà avoir disparu. Pourtant, nous sommes encore debout sous le soleil et face au vent. Même si, dans cette période de brouillage de nos repères, nous n’en avons pas tout forcément conscience.

Bienveillance, tolérance, confiance, résistance, résilience : ouvrons donc l’année avec notre manière d’être, en toute fierté, en toute humilité, en toute martinicanité.