Selon le rapport intitulé "Être noir dans l’UE" publié le 25 octobre 2023, 39% des personnes interrogées en 2016 déclaraient avoir été victimes de racisme au cours des cinq dernières années. Elles sont 45% aujourd'hui. L'étude de l’Agence des droits fondamentaux dans l’Union européenne a été menée auprès de 6 800 personnes d’ascendance africaine subsaharienne ou des territoires français d'Outre-mer vivant dans 13 pays.
La persistance des comportements racistes est surtout marquée en Allemagne, en Autriche et en Belgique. Plus de la moitié des personnes afro-descendantes y résidant déclarent avoir subi un acte raciste. Le record de tolérance est détenu par le Portugal, avec 26% seulement de victimes déclarées du racisme. En France, le rapport note une embellie. Les victimes de ce fléau ne sont que 37% contre 46% sept ans auparavant.
La moitié des Noirs d’Europe sont victimes de racisme
Au total, près de la moitié des personnes noires vivant dans l'UE sont confrontées au racisme dans leur vie quotidienne. Le directeur de l’agence, Michael O’Flaherty, est indigné. En commentant son rapport, il a déclaré : "Il est choquant de ne voir aucune amélioration depuis notre dernière enquête".
Le cas de la France est emblématique. L’agence européenne n’est pas le seul organisme public à signaler des abus. Le Conseil des droits de l'homme des Nations unies, basé à Genève, a pointé des faits graves commis par les forces de sécurité, lors de sa séance annuelle le 1er mai 2023. Attaques contre les réfugiés (les migrants selon le vocabulaire politiquement correct), profilage racial lors de certaines enquêtes, violences injustifiées envers les personnes racisées (ou non blanches) lors de manifestations de rue ont été stigmatisés.
Un phénomène inquiétant et persistant
Il est tout de même inquiétant que le racisme persiste autant en Europe. Plusieurs analystes dressent un parallèle entre la montée des mouvements néofascistes et la multiplication des actes racistes. Est-ce à dire que l’Europe est condamnée à systématiser ou à tolérer les discriminations basées sur la couleur de peau, la texture des cheveux, ou la langue parlée ?
Comment comprendre que depuis ce temps qu’elle est en relation avec le monde, elle soit encore hantée par ses vieux démons ? Est-elle à ce point incapable de surmonter ce complexe de supériorité qu’elle a forgé au 15e siècle pour justifier sa domination sur d’autres civilisations ?
Autant de questions dont une réponse magistrale se trouve dans Discours sur le colonialisme d’Aimé Césaire. Il est célébré le 110e anniversaire de sa naissance cette année. Il serait opportun de se plonger dans ce livre à l’écriture au vitriol publié en 1950. Il débute par cette phrase : "Une civilisation incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente". Que dire de plus ?