Le syndicat de la CDMT Santé demande un plan Marshall pour sauver les hôpitaux de Martinique

L'Institut de formation en masso-kinésithérapie (IFMK) est situé au Centre Hospitalier Universitaire de Martinique (CHUM).
160 millions d'euros c'est le montant de la dette du CHUM estimé par la CDMT Santé. Une dette qui selon le syndicat ne permet plus d'assurer le bon fonctionnement de la structure et bloque les investissements. Un constat que relativisent les autorités en charge de la santé.

C'est un message d'alerte, voire de la dernière chance que lance le syndicat de la CDMT Sante. Il appelle "l’ensemble des pouvoirs publics, parlementaires, ARS, CTM, Préfecture, à s’unir et à aider la direction générale de ce CHU à trouver des solutions pérennes afin d’éviter l’effondrement de cet extraordinaire outil ".

Avec "160 millions d'euros de déficit annuel", le syndicat estime que la situation financière du CHU est catastrophique et "paradoxalement son activité est en augmentation de 16% . La CDTM a fait ses calculs, " le CHU n'a pas les capacités d'investir et cela se voit sur le parc immobilier".

Plus de 20 ans d’immobilisme et de manque de maintenance en font un hôpital indigne d’un pays du G7, dans lequel la qualité de la prise en charge ne repose que sur l’abnégation de son personnel hospitalier tout entier et à la résilience de la population martiniquaise.

Olivier Villeronce Secrétaire général CDMT Santé Sociaux en charge du CHUM

Des investissements en cours ou à venir

Un constat qui n'est pas entièrement partagé par la Haute Autorité de Santé qui, suite à une expertise en avril 2023, "a salué la nouvelle organisation de l’établissement permettant de réactiver la démarche qualité et sécurité des soins", lui attribuant sa certification avec un score global de 87,3%. Du côté de l'ARS, "la situation financière des établissements de santé martiniquais, à commencer par le CHUM, apparaît depuis plusieurs années comme une priorité".

Dans le cadre du Projet Régional de santé de l'ARS, des investissements pour plusieurs structures de santé sont prévus. Suite au Ségur de la santé, notamment, 400 millions d’euros vont être investis dans la restructuration et la modernisation du système de santé martiniquais.

La reconstruction de l’hôpital Louis Domergue de Trinité ; le coût global du projet est de 70 millions d’euros. La reconstruction de l’hôpital du Saint-Esprit et l’extension de l’hôpital du Robert ont été actées. Le coût des travaux est de 60 millions d’euros. Des restructurations de l’hôpital du Carbet et du bâtiment Pierre Zobda-Quitman de la Meynard à Fort-de-France sont également prévues.

Du côté de la direction du CHU, on reconnaît les difficultés de fonctionnement et la nécessité d'avoir des moyens financiers supplémentaires. Cependant, le directoire estime "qu'il existe des marges d'améliorations tant en organisation et fluidité de fonctionnement en interne pour arrêter l'hémorragie".

Des employés de l'hopital de Trinité dénonçant l'état de la structure (24 janvier 2024)

Une réalité différente

Pour la CDTM, ces projets ne peuvent faillir de "retard à l’allumage". La centrale syndicale estime que "tous les services sont impactés par le manque de moyens financiers : Trinité, Clarac, PZQ, Mangot Vulcin, MFME, CEV ont tous besoin d’un plan Marshall urgent".

Un constat que partage Yvon Pacquit, le président du conseil de surveillance du CHUM. Sur les antennes de nos confrères, il estime que "le mode de financement en outremer n'est pas adapté, il faut trouver un modèle organisationnel qui correspond à nos contraintes".

La récente panne des trois machines de radiothérapie du site de Clarac, utilisées pour le traitement de maladies cancéreuses, a engendré l’arrêt des séances de radiothérapie pour des nombreux malades. La maintenance de prévoyance a visiblement failli. C'est de l'eau dans le moulin du syndicat CDMT Sante Sociaux qui appelle à un sursaut pour éviter "l'effondrement de notre système de santé".