Comme à chaque rentrée scolaire, les enjeux de l’année qui s’ouvre sont considérables et récurrents.
Considérables, sachant que le système éducatif et ceux qui l’incarnent ne peuvent pas les affronter seuls.
L’école est une affaire de la société dans sa globalité. Récurrents, vu que nous sommes confrontés aux mêmes problématiques depuis plusieurs années, sans qu’aucune solution ne pointe à l’horizon.
La baisse démographique et ses conséquences
Parmi les enjeux les plus cruciaux à relever, celui de la décrue démographique. Ces 45 dernières années, les effectifs d’élèves ont littéralement fondu. Ils seront 65 000 cette année. Ils étaient 110 000 en 1977.
Un pic historique et inégalé. Il y a quatre décennies, un habitant de la Martinique sur trois était scolarisé. Aujourd’hui, c’est à peine un sur cinq.
Le vieillissement de la population se confirme. Nous avons enregistré moins de 4 000 naissances en 2022, contre 11 000 en 1965, un pic historique et inégalé, là aussi. Il est logique que nous perdions des élèves à chaque rentrée.
L’amélioration des conditions de vie pousse les femmes à avoir moins d’enfants que leurs mères et leurs grands-mères. Un phénomène amplifié par les départs massifs des jeunes générations durant les années 1960 à 1990.
Nous devrons nous adapter à cette réalité durable. Par exemple, en réfléchissant à réutiliser les établissements scolaires. Certains ferment, faute d’élèves.
L’immigration massive de jeunes parents pour repeupler nos écoles est-elle envisageable ? Pourquoi pas ?
Et mettre au monde plus d’enfants est-il une solution ? La réponse est plus complexe que certains technocrates le croient. Les gens ne font pas d’enfants pour toucher une prime ni ici, ni ailleurs.
Les défis de l’école sont plus nombreux qu’il n’y paraît
Il faudrait aussi revoir les règles d’affectation des enseignants. Leur nombre dépend étroitement de celui du nombre d’élèves. Leurs syndicats s’insurgent contre la suppression continue des postes, mais le ministère reste inflexible.
Il paraît que notre académie est mieux dotée qu’elle ne le devrait, si les critères valables pour toute la France étaient appliqués de manière stricte. Il faut croire que nous avons de la chance.
Au-delà de tous ces écueils, ne perdons pas de vue le rôle essentiel assuré par l’école, la formation des citoyens. Une mission "qui contribue à l’affermissement des principes et des valeurs de la République, encourage la participation démocratique et renforce la confiance dans les institutions" comme le rappelait à la rentrée précédente l’éphémère ministre de l’Éducation, Pap Ndiaye, spécialiste incontestable de l’insertion des minorités ethniques dans l’ensemble républicain français.
Pour l’heure, sachons savourer, en tant que parents que nous fûmes, que nous sommes ou que nous serons, cette musique inoubliable et à nulle autre pareille : les cris de joie d’un enfant entrant à l’école.