Frédérik Limol, le forcené qui a tué trois gendarmes dans le Puy de Dôme (Auvergne-Rhône-Alpes), dans la nuit du mardi au mercredi 23 décembre 2020 était d'origine martiniquaise. Lourdement équipé d'armes militaires et aguerri au combat, il avait suivi l'école des officiers de réserve.
À quelques jours de Noël, Frédérik Limol a commis l'irréparable. Cet homme de 48 ans, qui n'était apparemment pas connu pour des faits de violences jusqu'à ce mardi 22 décembre 2020 met le feu à la ferme qu'il habitait dans un village près de Saint-Just dans le Puy de Dôme.
Il frappe sa compagne qui se réfugie sur le toit de leur ferme et à l'arrivée des gendarmes, prévenus par une voisine, tue trois d'entre eux et en blesse un quatrième.
D'origine martiniquaise, une information confirmée par sa famille en région parisienne. Extrêmement choquée, elle tient à garder l'anonymat.
Frédérik Limol était informaticien de haut niveau. Son père, martiniquais et militaire de carrière avait quitté l'île il y a plusieurs décennies.
Nous sommes sous le choc. Frédérik était d'une intelligence rare, un informaticien de très haut niveau mais très secret sur ses activités. Nous ne savons pas pourquoi il a décidé récemment de suivre une formation d'élagueur alors qu'il était chef d'une entreprise spécialisée dans le conseil en informatique.
Au cours de sa conférence de presse du mercredi 23 décembre 2020, le procureur de la République de Clermont-ferrand, Éric Maillaud, a évoqué les circonstances du drame.
C’est madame S. qui déclenche les secours, à 20h52, par une amie, pour violences conjugales. Elle parle de coups portés au visage. À ma connaissance, il n’y avait pas d’antécédent connu de plainte, de main courante pour des faits de violence.
Les secours sont déclenchés, une patrouille de gendarmes arrive, observe et voit un homme armé. Ils appellent les renforts. Le PSIG intervient. Une vingtaine d’hommes sont alors intervenus. La priorité est de sauver la femme des flammes et d’un homme violent dont on ne sait rien.
C’est une véritable scène de guerre, avec des centaines et des centaines de douilles. L’individu était surarmé. La victime a été mise à l’abri du feu. Quatre gendarmes ont été touchés, trois sont morts.
Un ancien militaire
Ancien militaire, Frédérik Limol était surarmé au moment où les gendarmes sont intervenus. Son profil de "survivaliste" (se préparer à survivre aux situations extême), catholique très pratiquant et aguerri au maniement des armes interroge les enquêteurs.
Selon le site Légifrance, il a fait l'école des officiers de réserve en 1993 et 1994. Au Journal Officiel de décembre 1995, il a été promu "aspirant de l'arme du TRAIN". L'arme du Train est un corps militaire constitué d'unités chargées du transport logistique des approvisionnements, équipements et munitions.
"Des centaines de douilles"
C’est une véritable scène de guerre à laquelle nous avons été confrontés ce matin : des centaines et des centaines de douilles, la maison incendiée, un individu surarmé… Une scène atypique.
Les gendarmes sont parvenus à entrer en contact avec la victime "par SMS" indique le compte rendu d’intervention. Cette dernière a précisé qu’elle était réfugiée sur le toit de la maison, qu’elle avait bien été agressée et que son compagnon était armé.
Une arme pour les tueries de masse
Frédérik Limol a tué les trois gendarmes avec l'AR-15, fusil au centre des débats sur les armes à feu aux États-Unis.
Ce fusil semi-automatique facile à manier, le plus vendu aux États-Unis, a été utilisé dans bien des tueries de masse. Il est de calibre 300, c'est-à-dire que ses cartouches ont un diamètre de 5,56 millimètres.
Après une explosion d’origine indéterminée dans la grange attenante, deux gendarmes du PSIG ont tenté de s’approcher du pavillon.
Le forcené a alors ouvert le feu, touchant les deux militaires. Le brigadier Arno Mavel a été grièvement blessé. Il est décédé peu après. Son collègue, l’adjudant-chef Bertrand Boyon a été blessé et conduit à l’hôpital. "Le petit espace du gilet par balles qu’il portait l’a empêché de mourir", a déclaré le procureur de Clermont-ferrand. Les deux gendarmes ont riposté au moment des tirs, en vain.
Frédérik Limol se serait suicidé
Frédérik Limol a cherché à prendre la fuite en 4X4 à 22h18 après avoir incendié sa maison. Il a alors perdu le contrôle de son véhicule à environ 1,5 km de son domicile et s’est écrasé contre un arbre.
Son corps est retrouvé à proximité du véhicule. Il avait une arme Glock et un fusil d’assaut semi-automatique, avec un silencieux, une torche et un système de visée laser.
Au regard de l’autopsie, il se serait suicidé, puisqu’il présente une perforation du tympan droit à gauche. Il avait 4 couteaux à la ceinture, a précisé le procureur de la République avant d'ajouter :
Catholique très pratiquant, il était survivaliste et avait suivi des stages d’entraînement. Il était persuadé de la fin du monde. Il présentait un profil inquiétant.