La Martinique renoue insensiblement avec tous les éléments constitutifs de son identité culturelle. C’est l’une des interprétations que l'on peut donner au succès remporté par l'initiative du Collectif du patrimoine vestimentaire martiniquais.
Cette association formée en quelques semaines autour de l’historienne Sabine Andrivon-Milton a reçu le précieux concours d’Imaniyé Dalila Daniel, digne continuatrice de sa mère, Emile Daniel. Celle-ci a fortement contribué, ces trois dernières décennies, à réhabiliter les tenues portées par les grands-mères.
Ce défilé a été l’occasion de sortir les bijoux éclatants et finement ouvragés, les tissus chamarrés, les coiffes à la signification complexe. Des attributs portés par des dames et des messieurs à la fière allure.
L’engouement suscité par cette initiative est tel qu’une seconde édition est déjà prévue. Ce sera sûrement l’occasion d’approfondir les connaissances sur l’historique de ces tenues, de comprendre leur mode de confection, et plus largement de reconnecter le Martiniquais avec son passé.
Le vêtement évolue avec le temps
La manière de s'habiller a évolué avec le temps, selon les approvisionnements en tissus. Chaque époque se distingue par ses vêtements. Les anciens s’habillaient de manière différente selon les occasions.
Ici comme ailleurs, un vêtement signe l’appartenance sociale. L’usinier ne s’habille par comme l’ouvrier. Idem pour l’employé de bureau et le docker. Et puis, le vêtement traditionnel ne se limite pas aux tenues d’apparat ou de cérémonie.
La grand’robe, la gol ou la robe matador sont des tenues parmi de nombreuses autres portées par les dames. Celles portées par les messieurs, sont tout aussi précieuses. Des tenues créées par le génie martiniquais. Couturières et tailleurs d’antan ont imaginé, dessiné et confectionné des habits aussi esthétiques que pratiques.
Un nouveau débouché pour l'industrie martiniquaise ?
Les anciens pouvaient se procurer de quoi s’habiller en toutes circonstances à partir de la production de vêtements martiniquais. Pourquoi pas la génération d'aujourd’hui ?
Les investisseurs ont leur mot à dire, afin de favoriser l’expansion des activités industrielles dans tous les segments de la production de marchandises. La diversification de l'économie martiniquaise suppose de saturer le marché intérieur de produits élaborés par et pour les Martiniquais.
Le territoire importe des plastiques pour fabriquer des pots de yaourts et des bouteilles d’eau ; du café en gros pour le torréfier au goût du consommateur ; des matériaux de construction pour bâtir des immeubles et des maisons.
Les personnes intéressées saurons bien, à plus ou moins brève échéance, acheter des tissus là où ils sont produits, en Asie du sud notamment, pour en faire des tenues de cérémonie, de travail, de loisirs. Les anciens l’avaient bien fait. Il appartient aux Martiniquais de pérenniser cet état d’esprit, d’autant qu'ils semblent prêts à habiter de nouveau leur patrimoine, dans toutes ses dimensions.