C’est en 2002 que nous élisons pour la première fois un président de la République pour une durée de cinq ans. Une réforme de la Constitution était nécessaire pour passer du septennat, une tradition remontant à 1848, au quinquennat.
La loi du 2 octobre 2000 rend possible le renouvellement plus fréquent du mandat du président de la République, désormais aligné sur celle du mandat de cinq ans des députés. Dès lors, le risque de cohabitation se trouve fortement atténué.
Ainsi, l’action du pouvoir exécutif (le président et le gouvernement) n’est pas entravée par l’activité du pouvoir législatif (le Parlement). Une séquence connue à deux reprises, après les législatives de 1986 et de 1993, qui n’a pas laissé des souvenirs impérissables.
Le résultat attendu de l’instauration du quinquennat est tangible. Les députés sont choisis selon la même dynamique que celle créée par l’élection du président. Le passé récent en témoigne. Tous les présidents élus sous le régime du quinquennat ont disposé d’une majorité parlementaire très confortable.
Le quinquennat offre une majorité confortable
Jacques Chirac, en 2002, a pu s’appuyer sur 365 députés, soit 76 au-delà de la majorité absolue de 289 sièges. Nicolas Sarkozy, en 2007, a bénéficié du soutien de 345 élus, 56 de plus que la majorité. L’élection de François Hollande, en 2012, s’était prolongée par celle de 331 fidèles, soit 42 sièges de surplus. Emmanuel Macron en 2017 a pu compter sur 350 députés acquis à sa cause, 61 au-dessous de la majorité.
En revanche, un autre résultat, inattendu celui-là, tient en la participation des électeurs pour le choix des députés. Systématiquement, la participation baisse d’une élection à l’autre. En 2002, nous comptions 78,4% de votants au premier tour de la présidentielle, puis 79,7% au second tour.
Cinq semaines plus tard, aux législatives, les votants n’étaient plus que 64,4% au premier tour, puis 60,3% au second. La même tendance est observée pour toutes les autres échéances. La dernière fois, en 2017, la présidentielle réunissait les trois quarts des inscrits (77,8% au premier tour et 74,6% au second), mais moins de la moitié se sont mobilisés pour les législatives (48,7% au premier tour et 42,6% au second).
Les analyses d’après-scrutin montrent que le président élu entraîne dans son sillage ses électeurs pour qu’ils choisissent ensuite leurs députés de manière conforme. Or, dans le même temps, les électeurs des candidats battus dans la course à l’Elysée se démobilisent aux législatives. Ce qui entraîne une sur-représentation du camp ayant emporté la présidentielle.
La participation baisse aux législatives
D’autres hypothèses sont avancées par les spécialistes de la sociologie électorale pour expliquer l’intérêt moindre des citoyens dans la sélection de leurs députés. D’abord, une mauvaise compréhension de son rôle. Ses missions consistent à contrôler l’action du gouvernement, qu’il peut renverser à l’aide d’une motion de censure, à voter le budget de l’Etat et à élaborer les lois.
Le second facteur explicatif de l’abstention aux législatives tient au reproche émis par certains citoyens envers les députés quant à leur faible proximité avec eux. Or, le député n’est pas un maire. Le parlementaire n’a pas vocation à travailler uniquement pour sa circonscription. Il a une fonction politique, en ce sens qu’il est dépositaire d’une parcelle de la souveraineté du peuple, à l’échelle de tout le territoire.
Qu’en sera-t-il cette année ? Il faudra attendre l’élection présidentielle pour avoir une idée plus nette de la configuration que pourrait avoir la future Assemblée nationale. Si la logique institutionnelle l’emporte, elle devrait être favorable au nouveau locataire de l’Elysée.
Si la logique sociologique prédomine, elle devrait se révéler opposée au nouveau chef de l’Etat. Subséquemment, les quatre députés de Martinique pourront-ils peser sur les décisions politiques nous concernant directement ? Il n’y a plus qu’à passer à l’isoloir…