Qui bénéficiera parmi les 8 finalistes, des reports de voix du 1er tour de l'élection à la députation et quelle sera l'attitude des abstentionnistes ? C'est la question qui restera en suspens jusqu'à samedi prochain dans tous les esprits.
Si certains candidats sont en ballotage favorable comme le député sortant du Sud (44 % des suffrages), Jean-Philipe Nilor sait que rien n'est joué face à son ex mentor, Alfred Marie-Jeanne (26 %).
Le sud, 4e circonscription
Ce dernier peut encore spéculer sur une mobilisation des 64 217 abstentionnistes de cette 4e circonscription, laquelle l'a plusieurs fois élu à l'Assemblée nationale. L'ancien Président du Conseil Exécutif de la CTM aura aussi à sa disposition pour mener la dernière campagne de sa carrière politique, RLDM, la radio du MIM (Mouvement Indépendantiste Martiniquais), car il y a fort à parier qu'il refusera de débattre avec son ancien poulain sur les autres médias.
S'agissant des suffrages de David Dinal (Alians Matinik) et de Ruddy Duville (La Martinique Ensemble), arrivés respectivement 3e et 4e avec 1452 et 1315 voix, pas de consigne de vote (à l’heure où cet article est publié).
Fort-de-France, 3e circonscription
Dans la 3e circonscription, Johnny Hajjar (Alians Matinik) réalise plus du double du score de son adversaire, Francis Carole (GSPM). Ces deux qualifiés du second tour et en particulier le challenger, peuvent convoiter déjà les 1679 voix de Thierry Renard (Insoumis en Martinique).
Mais ce sont les 46 775 électeurs qui ne se sont pas prononcés la semaine dernière, qui peuvent transformer l'essai du secrétaire général du PPM, en amplifiant ses suffrages ou faire basculer la balance en faveur du rival nationaliste historique des progressistes.
Ces derniers ont perdu plusieurs milliers de voix depuis la victoire parlementaire de Serge Letchimy il y a 5 ans (élu à la tête du conseil exécutif de la CTM en 2021).
Le Nord, 2e circonscription
Dans la circonscription du nord, on assistera à un duel de maires. Entre le souverainiste Marcelin Nadeau, 1er magistrat du Prêcheur (Péyi-A) et son homologue du Lorrain Justin Pamphile, sous l'étiquette indépendantiste (GSPM), il y a moins de 300 voix.
Ce sont donc les candidats arrivés 3e et 4e, Jean-Baptiste Rotsen et Karine Varasse (ayant engrangé respectivement 3130 et 2127 bulletins) qui peuvent être "faiseurs de rois". La candidate Insoumise malheureuse du 1er tour pourrait appeler à reporter ses voix en faveur de l'écologiste Nadeau arrivé en tête dans 14 des 17 villes de la zone. "Nous sommes en discussion et en réflexion" nous a-t-elle signalé ce dimanche soir.
Des soutiens de poids...
De son côté, "Alians Matinik", le groupe majoritaire de l'Assemblée de Martinique, a décidé de soutenir Marcelin Nadeau, "après concertation". Même intention exprimée par Claude Lise, ancien président de la même Assemblée de la CTM et du Conseil Général auparavant. Devenu un farouche opposant du GSPM après leur alliance en 2015, il "appelle à voter Nadeau".
Le maire de Sainte-Marie à la manœuvre ?
Quant à l’ex candidat samaritain, il nous a appris ces dernières heures que des réunions sont prévues entre l'Alians et le MIP (le mouvement de son mentor Bruno Nestor Azérot), afin d'arrêter une décision commune au bénéfice d'un des prétendants, sauf si les deux partenaires décident de ne pas se mouiller.
Toutefois, le président de la communauté d'agglomération Cap Nord, se rappelle qu'il avait battu un certain Justin Pamphile au second tour de la députation de 2017, le maire samaritain qui est par ailleurs, très proche du co-fondateur de "Péyi-A" (JP. Nilor).
Le sort va-t-il encore déjouer les plans du chef de la municipalité lorrinoise ? Là aussi, ce sont les 62 842 citoyens de la côte atlantique jusqu'à la côte Caraïbe restés loin des urnes le samedi 11 juin, qui vont trancher.
Le centre, 1e circonscription
Enfin, concernant la circonscription du centre, elle réserve également un duel serré entre Philippe Edmond-Mariette (GSPM) et Jiovanny William, sans étiquette politique pour l'instant, mais soutenu ouvertement par deux maires, Alfred Monthieux au Robert et Samuel Tavernier au François.
Les deux avocats de profession souhaitent eux aussi, le retour dans les isoloirs des 64 036 électeurs qui ne se sont pas déplacés en fin de semaine. Entre 2003 et 2007, le représentant des patriotes aujourd'hui, avait déjà occupé la fonction de député sous la bannière BPM (Bâtir le Pays Martinique), à la suite d'une élection partielle, après la démission de Pierre Samot, ancien maire du Lamentin.
L'expérience face à l'optimisme
Le candidat Edmond-Mariette qui appelle sur Twitter (le 13 juin) les abstentionnistes "à venir renforcer" leur choix le 18, mettra forcément en avant son expérience au palais Bourbon, tandis que son jeune confrère du barreau de Fort-de-France, s'attend à un report naturel des bulletins en particulier de 5 autres présents au 1er tour, qui ont enregistré plus de 1000 voix.
Jiovanny William, lui, semble être optimiste en comptant sur une mobilisation plus massive samedi prochain (18 juin 2022), considérant qu'il y a des réserves de voix à puiser parmi les non-votants et notamment dans sa commune d’origine, le Robert et sa voisine franciscaine. Il peut aussi ajouter à sa liste de soutiens, celui d'"Alians Matinik".
Dans cette compétition, le robertin peut aussi s'appuyer sur le soutien officiel d'Audrey Thaly Bardol, conseillère exécutive à la CTM et présidente de "Forces Rassemblées" à Trinité. Dans un communiqué commun, le maire de cette ville, Frédéric Buval et son mouvement "Dynamique Trinitéenne", offre lui aussi son suffrage à Jiovanny William.
Nul doute que le trentenaire aura à cœur de défendre ce droit précieux qu’est le vote démocratique, dans l’espoir d’éveiller la conscience de l’électorat réfractaire au sein de sa circonscription.
Le taux définitif de la participation du premier tour de ces élections législatives de 2022 en Martinique, est de 21,67% soit plus de 78% d'abstention (sous réserve de correction de la commission de contrôle de la préfecture et du ministère de l'Intérieur).