La quinzaine culturelle de Rivière-Pilote commence vendredi 5 Août et s'achèvera le 20 août 2022. Au programme, de la musique et du cinéma.
Cette quinzaine commence par un point fort, le dévoilement d'une plaque décernée à une pilotine Léona Gabriel-Soïme, dans un square qui se trouve dans le prolongement des rues Degrés et Ignace.
Qui est Léona Gabriel ?
Née le 5 janvier 1891 dans la commune de Rivière-Pilote, Léona Gabriel profite d’une enfance vivante dans le creuset des chants effervescents des ouvriers de l’habitation.
Fille aînée d'un planteur blanc créole, géreur d’habitation, elle est marquée par le destin. À l’âge de 10 ans, son père décède accidentellement et sa mère, quelques temps après, meurt à son tour, de chagrin et de maladie.
Adolescence en Guyane
Elle a 14 ans, quand elle embarque pour la Guyane avec ses 3 sœurs, son frère et ses tantes. Dans sa mémoire défile une foule de souvenirs impérissables auprès des ouvrières et ouvriers de l’habitation.
Elle vit son adolescence à Cayenne en étudiant la dactylographie et la sténographie.
Elle est vite remarquée. Intelligente, d’une beauté remarquable, elle possède une bonne tessiture vocale. Léona participe à ce frémissement de la vie culturelle guyanaise en chantant biguines et mazurkas.
Premier retour au pays natal avant le départ pour Paris
Diplôme en poche elle est engagée comme secrétaire par une société chargée de creuser le canal de Panama. Elle décide d'un retour éclair au pays natal, grâce à ses économies.
La ravissante mulâtresse fait chavirer le cœur d’un riche négociant, Georges Bellonie. Mais ce dernier est attiré par d'autres femmes. Elle décide de rompre et de s'exiler à Paris.
Sa carrière explose
Dès son arrivée à Paris, elle rencontre de nombreuses personnalités comme Édith Piaf ou le sénateur Henry Lémery Sa beauté, son talent, sa gouaille lui ouvrent les portes.
Elle fait de surcroit la rencontre d’un musicien arrangeur d’origine russe Danny Derff, auteur-compositeur de variété française. Ce dernier prend en main sa carrière et la lance. Léona l’épouse en 1928 mais divorce en 1931.
Après la séparation, elle retrouve le cocon antillais. Léona enregistre avec Stellio, mais aussi avec Alexandre Kindou chez Odéon et Polydore sous le pseudo de "Mademoiselle Estrella". Référence antillaise à Paris, elle se produit dans les boîtes huppées de la capitale.
Retour en Martinique
Après la guerre, elle revient au pays, et travaille avec Hurard Coppet. Parallèlement à la musique, Léona devient une brillante animatrice sur les antennes de radio Martinique, ancêtre de Martinique la 1ère, avec l’’émission "Ça c’est la Martinique".
Très sollicitée, elle se produit en Martinique et en Guadeloupe et édite un recueil de transmission. On lui crédite plusieurs titres comme "Asi paré", "maladie d’amour".
En 1948, quand Henri Salvador enregistre "Maladie d'amour" qui connaît un grand succès, Léona Gabriel fait valoir ses droits et demande réparation à la SACEM. Après enquêta ce titre sera attribué à Salvador, et Léona Gabriel comme auteur-compositeur.
Elle tire sa révérence à l'âge de 80 ans à Fort-de-France.