Léopold Bissol, un militant communiste martiniquais ancré dans son siècle

Le lycée professionnel porte officiellement le nom de Léopold Bissol (1889/1982), ancien député de Martinique
Un hommage est rendu ce samedi 14 octobre 2023 à un homme politique autant discret qu’efficace par le Parti communiste martiniquais, dont il a été l’un des fondateurs et un artisan majeur des combats pour l’égalité des droits sociaux et politiques.

Syndicaliste, militant socialiste, dirigeant communiste, conseiller municipal, conseiller général, député : les engagements de Léopold Bisol ont été multiples depuis sa naissance au Robert, en 1889, jusqu’à son décès, à l’âge de 93 ans, en 1982. Homme discret voire effacé, ce père de huit enfants qui s’est élevé seul à la force de la volonté est pourtant à l’origine de nombreuses avancées sociales et politiques.

Initié aux idées socialistes aux côtés de Joseph Lagrosillière dès le début du siècle dernier, Bissol est un syndicaliste très actif. Ouvrier ébéniste puis artisan, il aide à s’organiser les ouvriers métallurgistes, agricoles, du bâtiment, de l’électricité et du port.

Aux élections législatives de 1919, Joseph Lagrosillière et le béké Fernand Clerc forment un duo, l’Entente capital travail. Une trahison pour Bissol et de nombreux militants socialistes. Ils prennent leur distance avec "Lagro".

Fortement influencé par les idéaux de l’Internationale communiste qui rayonne à partir de l’Union soviétique, Bissol prend une part active à la création du Groupe socialiste Jean Jaurès avec le professeur de philosophie Jules Monnerot, l’artisan horloger Joseph Del et le Docteur Juvénal Linval.

Un syndicaliste doublé d’un militant politique

L’ébéniste continue de parcourir les coins les plus reculés de l’île pour propager l’idéal révolutionnaire. Parmi ses camarades de lutte, un certain André Aliker. Curieux d’esprit et désireux d’ouvrer pour le plus grand nombre, Bissol forge sa culture politique personnelle en lisant Karl Marx et Lénine.

Il sait que la lutte syndicale ne suffit pas à satisfaire les aspirations du prolétariat. Les combats électoraux constituent une stratégie à ne pas négliger. Les communistes échouent à plusieurs élections avant la victoire de Bissol lors d’élections cantonales partielles à Fort-de-France en 1937.

Il participe activement à la destitution de l’amiral Robert, représentant du gouvernement du maréchal Pétain. En juin 1943, le gouverneur autoritaire est obligé de fuir la Martinique à l’issue d’une gigantesque manifestation populaire à Fort-de-France menée par le maire de la ville Victor Sévère. La mobilisation a été préparée en amont par des militants communistes dont Bissol, Georges Gratiant, Victor Lamon, Léonce Bayardin.

Après la guerre, un vent de renouveau souffle sur l’échiquier politique. En mai, Léopold Bissol est élu sur la liste communiste menée par Aimé Césaire aux élections municipales à Fort-de-France. Il devient adjoint au maire. Le 7 octobre, il revient au Conseil général avec 13 communistes. Le 4 novembre, il devient député dans la circonscription est, la côte atlantique. Aimé Césaire est élu dans la circonscription ouest, la côte caraïbe.

Député et élu local

À l’Assemblée nationale, Bissol intervient sur de nombreux sujets concernant la Martinique : extension de la sécurité sociale et de la retraite des vieux travailleurs, obtention de la prime de 40% des fonctionnaires, augmentation des salaires ouvriers, notamment. Le député communiste prend également position contre les guerres coloniales et en faveur de l’indépendance du Vietnam et de l’Algérie.

Son mandat de député ne l’empêche pas de confirmer son ancrage politique local. En 1953, il est appelé au conseiller municipal de Rivière-Pilote. Toujours disposé à rendre service, il est élu conseiller général du Vauclin en 1955. Ce sera sa dernière bataille électorale, mais pas sa dernière bataille politique.

Bissol est propulsé à la tête de la région puis de la fédération de Martinique du Parti communiste français après la démission de Césaire, en octobre 1956. Quelques mois plus tard, en septembre 1957, c’est la fondation du Parti communiste martiniquais.

Au bout d’une vie remplie de combats et d’espoirs, Léopold Bissol quitte la scène politique aux législatives de 1958. À 70 ans, il passe le flambeau à Georges Gratiant, battu par Victor Sablé. Par la suite, Léopold Bissol sera président d’honneur du Parti communiste martiniquais.