Les artistes martiniquais tentent de s'adapter aux nouveaux canaux de diffusion

Un reportage de Corentin Bélard et Marc-François Calmo. ©Martinique la 1ère
À l’heure du smartphone, la musique est omniprésente et facile d’accès. Mais, du côté des artistes, les nouveaux canaux de diffusion musicale rebattent les cartes. Fini les ventes de CD, le financement se diversifie. Ils sont accompagnés par la Sacem qui gère leurs droits d’auteur. (Re)voir le reportage de Corentin Bélard et Marc-François Calmo.

C’est l’un des derniers disquaires en Martinique. Alfred Defontis propose plusieurs centaines de CD tous styles confondus à la vente. Il a accumulé ce stock à la grande époque de ce format au tournant des années 2000. Mais, aujourd’hui la musique s’est dématérialisée. Les plateformes d’écoute en ligne ont le vent en poupe. Désormais, le magasin attire des passionnés, voire des puristes.

Celui qui écoute du jazz, celui qui écoute de la salsa, celui qui écoute de la haute musique à envie d’avoir son CD en main. Donc, nous recevons encore quelques CD venus d’ailleurs, des États-Unis ou de métropole pour les mélomanes.

Alfred Défontis, disquaire

Dans son magasin, Alfred reçoit la visite de Manuel Sainte-Rose, un clarinettiste aussi très attaché au CD qui continue de vendre ses morceaux sous ce format.

Un CD a une histoire. Il y a le preneur de son, il y a les répétitions. Il y a des choses que nous avions en tête et que nous partageons avec les gens. Tandis qu’avec les téléchargements, on voit bien ce que ça donne. C’est superficiel.

Manuel Sainte-Rose, clarinettiste

Mais l’achat d’album reste en net recul. Il représentait 12% du temps d’écoute de musique en France en 2022, face aux 46 % d’écoute en streaming payant ou gratuit. De plus en plus d'artistes tentent de s'adapter au nouveau marché de diffusion et essaient d’intégrer les plateformes, comme Paille qui essaie de diversifier ses sources de revenus.

Ma manière de développer la musique est assez simple. Je fais des chansons et je vais les défendre sur scène. C’est un modèle qui est assez lisible, assez clair mais, qui effectivement, au bout d’un certain moment n’est pas suffisant. L'idée est quand même qu’il reste quelque chose dans 10-20 ans pour mes enfants, pour les personnes qui vont me succéder. Donc, effectivement il y a une logique aussi patrimonial, c’est-à-dire de comprendre à quel moment nos œuvres sont diffusées, par qui et comment on pourra en faire quelque chose de plus viable, de plus pérenne pour qu’il ne soit pas juste question d’être content de chanter deux ou trois fois sur scène chaque année.

Paille, artiste

Dans cette démarche, il est accompagné par la Sacem (Société des Auteurs, Compositeurs et Éditeurs de Musique). Elle gère les droits d’auteur en France. Une expérience et des compétences utiles aux artistes.

On va collecter pour les auteurs compositeurs, ce qui est notre rôle principal. Nous ne sommes pas non plus des managers. Mais, la Sacem s’étant positionnée dans une aire extrêmement moderne et en leader mondial sur la distribution digitale, on peut orienter les auteurs compositeurs pour qu'ils y aient des réflexes. D’être mieux distribués, d’être plus visibles et de se rendre compte également de l’importance de la scène dans leurs revenus et dans leur modèle économique.

Emmanuelle Bruch, Déléguée régionale de la Sacem en Martinique

L’organisme au premier plan du soutien aux musiciens locaux comptabilise près de 1500 sociétaires en Martinique.