Aucun calendrier précis n’a été arrêté lors de l’audition accordée au président Letchimy au ministère des Outre-mer. Ce n’était pas le lieu, ni le moment. C’est à l’Elysée que se décide tout changement du périmètre des collectivités. Rendez-vous est pris pour le mois de juillet prochain avec le président de la République.
Il reste que le dossier n’est pas encore bouclé. Premièrement, les désaccords persistent au sein du congrès des élus. Cette instance a pour objet de proposer toute modification des institutions ou de changement de statut. Le congrès est composé des 34 maires, des 51 conseillers à l’Assemblée de Martinique, des 9 membres du conseil exécutif et des 6 parlementaires. Au total, ces 100 mandats électifs sont détenus par 86 personnes.
Le congrès des élus n’est pas unanime
Après quatre réunions en 2023, le congrès n’a pu prendre qu’une seule décision forte, l’adoption de l’ajout d’un article 73-1 dans la Constitution. Et encore, 40 élus seulement ont approuvé cette proposition de Serge Letchimy. Il souhaitait trouver un accord le plus large possible pour tenir compte de positions éloignées sur ce sujet.
Ses opposants ne sont pas satisfaits pour autant. Ce qui montre que nos dirigeants n’ont pas encore trouvé un compromis suffisamment solide pour convaincre le gouvernement qu’ils sont prêts à franchir un cap. Le pouvoir exécutif ne peut rien faire sans l’assentiment des élus auxquels il demande de forger un consensus.
Le second obstacle à franchir par nos représentants pour parvenir à enclencher le processus de l’évolution des institutions consiste à persuader la population qu’il est impératif de passer à une autre étape de notre histoire. En réalité, c’est la première condition à remplir. Le projet a beau être le plus séduisant sur le papier, il faut obligatoirement qu’il soit validé par les électeurs. La Constitution l’exige.
La prudence reste de rigueur
Le procédé a déjà été utilisé, mais pas forcément dans le sens souhaité par nos responsables politiques. D’où la prudence affichée par la majorité de la Collectivité Territoriale de Martinique. Dans un premier temps, elle promeut l’idée d’un simple toilettage, avec cet article 73-1. Puis un pas de plus vers une forme d’autonomie, comme en Guyane et en Corse.
Il reste à savoir si les Martiniquais sont favorables à l’autonomie. La population est plutôt encline à demander régulièrement à ses élus la raison pour laquelle ils réclament des pouvoirs étendus, quand des problèmes cruciaux ne sont pas résolus. Par exemple : l'eau, le transport public, les déchets, les déficits des budgets des communes.
Au-delà de la prudence, la pédagogie est de rigueur. Il ne s’agit pas uniquement d’explications, que chacun finira par comprendre, tôt ou tard. Il est question plutôt de pédagogie par l’exemple, en améliorant, aujourd’hui, le quotidien de chacun. Dans ces conditions, il sera plus aisé de suivre les élus martiniquais dans leur souhait de modifier le périmètre de leurs responsabilités.