L’Outre-mer viendra-t-il au secours du pouvoir exécutif ? Le président et son gouvernement sont paralysés par la crise politique qu’ils ont créé à l’occasion d’une réforme vécue comme inutile et injuste. Ils pourraient sortir de cette impasse grâce à l'Outre-mer. De nombreux sujets sont, en effet, dans la file active ces temps-ci, qui occuperont plusieurs ministres.
Par exemple, l’opération "Wuambushu", consistant à expulser le plus grand nombre d’immigrants en situation irrégulière vivant à Mayotte. Cette initiative n’a pas encore donné tous les effets escomptés. Les affrontements entre bandes de jeunes et forces de l’ordre sont quasiment quotidiens.
En outre, une crise diplomatique est ouverte avec l’Union des Comores, d’où proviennent l’essentiel des réfugiés vivant dans les bidonvilles et les quartiers pauvres de l’île. Les oppositions ne se priveront pas d’interpeller le ministre de l’Intérieur à ce sujet. Il n’en a pas fini de rassurer la population mahoraise et ses élus, en grande majorité favorables à cette opération.
Plusieurs fronts simultanés dans nos collectivités
Dans le même temps, le ministre de l’Intérieur sera appelé sur un autre front délicat, la situation politique en Polynésie. Les indépendantistes menés par leur chef historique Oscar Temaru et le député Moetaï Brotherson, présenté comme le futur président de l’assemblée territoriale, l’ont emporté aux élections territoriales, dimanche 30 avril 2023. Leur objectif affiché : la marche vers l’indépendance, après un référendum d’autodétermination, et la décolonisation de leur pays conquis par la France au milieu du XIXe siècle.
La décolonisation est à l’ordre du jour une nouvelle fois en Nouvelle-Calédonie. Ses élus et le gouvernement central peinent à trouver un nouveau cadre statutaire. La priorité est de ramener la sérénité après la défaite, toute relative, des indépendantistes et du peuple kanak aux trois précédents référendums d’autodétermination.
Le gouvernement devra également donner une réponse claire au congrès des élus de Guyane. Les réflexions vont bon train, à Cayenne, sur le contenu et les moyens conférés par le statut spécial que les responsables politiques du territoire, unanimes, réclament. Leur but : développer enfin la Guyane, par et pour sa population, ce qui serait inédit.
De nombreuses réponses politiques en vue
À court terme, le pouvoir devra donner une suite favorable aux demandes de la commission d’enquête parlementaire sur le coût de la vie Outre-mer. Son rapporteur, le député de Martinique Johnny Hajjar, confie qu’elle tient son cap jusqu’au mois d’août 2023. Ses membres ne sont pas au bout de leurs mauvaises surprises quant à la formation opaque des prix et des bénéfices dans nos pays.
Ses conclusions appelleront des décisions politiques susceptibles de remettre en cause des rentes de situation.
Ce sera le cas aussi pour la continuité territoriale. Le rapport de la délégation aux Outre-mer du Sénat, cosigné par Catherine Conconne, vient d’être remis, le 30 mars 2023. Il émet douze recommandations pour parvenir à l’égalité des droits entre voyageurs, quel que soit leur lieu de résidence. En ligne de mire, le régime favorable en vigueur en Corse, à étendre idéalement dns nos collectivités.
Enfin, ce jeudi 4 mai 2023, l’Assemblée nationale discutera de la proposition de loi déposée par la députée Nupes de la Réunion, Emeline K/Bidi. Ses camarades de gauche souhaitent faciliter la mutation ou le maintien dans leurs territoires des fonctionnaires de rang supérieur qui en sont originaires. Les débats promettent d’être enflammés, comme au sein de la commission des lois qui a préparé le débat en séance publique.
Les députés LR, RN et Renaissance ont rejeté en bloc ce projet. Oseront-ils réitérer leurs positions en séance publique ?
A y regarder de près, les dossiers et sujets relatifs à la gestion de l’Outre-mer pourraient offrir une porte de sortie honorable à l’exécutif. Sait-on jamais !