Les hommes davantage concernés par le suicide en Martinique

Les hommes sont plus nombreux à se suicider en Martinique. ©Martinique la 1ère
La journée mondiale du suicide est l'occasion de battre en brèche certaines idées reçues qui animent l'inconscient collectif martiniquais. Selon Santé Publique France, 90% des personnes qui se suicident sont des hommes, et même les tentatives de suicide sont aussi majoritairement le fait d'hommes en Martinique. Des statistiques peu connues, mises en lumière par l'association SOS Kriz à travers un court métrage d'animation bouleversant.

Le suicide, on le chuchote, comme un tabou. Que l’irréparable soit commis par une connaissance ou un proche, le malaise, voire le traumatisme est là. 

L'association SOS KRIZ qui oeuvre notamment contre ce fléau via une plateforme d’écoute met le doigt sur ce fléau à travers un court métrage intitulé "Clair Obscur".

Durant un peu plus de quatre minutes, le réalisateur Alain Bidard permet à chacun de ressentir la réalité du cheminement qui mène au suicide, lorsque l’on pressent que la souffrance psychologique peut devenir plus forte que la vie. Le mal-être y est représenté par une zone d’ombre qui grandit en soit jusqu’à couvrir tout l’environnement.

C’est vrai que le fait que le suicide soit cette zone d’ombre dans un monde lumière montre aussi qu’on peut s’ouvrir, que la solution est tout autour de nous et que c’est le problème qui est très très proche, on ne voit que lui. C’est plus un problème de point de vu mais on a la capacité de s’en sortir.

Alain Bidard - Réalisateur

Primé dans de nombreux festivals à travers le monde, le film d’animation a d’abord été conçu pour former les préventeurs de la plateforme d’écoute de l’association SOS KRIZ. Pour aider les autres à sortir de la funeste pénombre il est essentiel de savoir identifier le cheminement et les ressorts de la conduite suicidaire.

La prévention du suicide s'organise en Martinique

Des drames qui touchent majoritairement les hommes

Le film lève surtout le voile sur la réalité du suicide en Martinique. Loin des idées reçues on y apprend que la mortalité par suicide touche plus particulièrement les hommes. Entre 80 et 90% selon les chiffres du bulletin 2019 de Santé Publique France.

Mais alors les femmes feraient-elles plus de tentatives de suicide avec des médicaments notamment ? Même ce cliché ne résiste pas : les hommes en Martinique font aussi plus de tentatives de suicide (TS).

Les hospitalisations pour "TS" comme on dit dans le jargon médical, concernent majoritairement les hommes (64%) contrairement au niveau national où les femmes prédominent (61%). Près d’un millier d’hospitalisations pour TS ont été rapportées entre 2015 et 2017 selon l’étude.

La population masculine a un rapport aux émotions particulier qui consiste à les cacher. Il faut être fort, se présenter comme des êtres sans faiblesses. Le suicide est vécu très souvent comme une situation de honte donc c’est quelque chose que l’on cache. Les hommes se confient moins que les femmes et du coup quand on a des idées suicidaires on a moins envie d’aller vers l’autre pour partager ça et essayer de s’en sortir.

Alain Bidard - Réalisateur

Avec 20 à 30 décès par an, les chiffres des suicides sont en baisse sur la période 2000 et 2015, mais ils seraient certainement sous déclarés. Le professeur en psychiatrie Louis Gehel, président de l’association SOS KRIZ en veut pour preuve que le nombre de pendaisons est parfois supérieur au nombre de suicides recensés… 

La pendaison qui représente autant chez les hommes que chez les femmes le premier mode de suicide loin devant les saut dans le vide, les médicaments ou les armes à feu.

Les pompiers de Poindimié sont intervenus après l'appel de Laurent De Nodrest, directeur de l'école primaire de Poindimié.

Pour les tentatives de suicide, le mode le plus fréquemment rapporté est l’auto-intoxication par d’autres produits (alcool, solvants, gaz, pesticides, produits chimiques) qui concernait 57,2 % des séjours hospitaliers enregistrés entre 2015 et 2017. L’autre mode de TS le plus fréquent est l’auto-intoxication médicamenteuse (37,0 %).

Autre enseignement, les conditions socio-économiques sont clairement associées aux conduites suicidaires. Sur un territoire où le chômage et la pauvreté se manifestent avec une acuité certaine, ce facteur n’est évidemment pas anodin.

Des statistiques peu connues, voire tabou, qui ne semblent faire l'objet d'aucune action particulièrement ciblée des  autorités envers le public masculin.