Les jeunes, les ouvriers et les femmes devraient pâtir de la réforme de la retraite

Rue de Fort-de-France (Martinique).
Les débats sur la réforme du régime des retraites se poursuivent au Sénat jusqu’à dimanche. Si le texte présenté par le gouvernement est adopté, trois catégories de la population devraient en pâtir : les jeunes, les ouvriers et les femmes.

Nonobstant le fait que les habitants des collectivités d’Outre-mer sont désavantagés et le seront davantage avec le nouveau système, il reste que la réforme du régime des retraites introduit des discriminations nouvelles.

Ce sera le cas des jeunes. Ils devront travailler bien au-delà de 64 ans. Ils entrent plus tardivement sur le marché du travail que leurs parents. Plus exactement, ils disposent d’une situation professionnelle stable à un âge de plus en plus avancé, étant souvent chômeurs, employés en CDD ou à temps partiel, ou poursuivant leur formation.

Dans une rue de Fort-de-France (Martinique).

Seuls ceux qui ont commencé leur vie active complète à 21 ans ou avant pourront totaliser les 43 annuités requises pour cesser de travailler à 64 ans. Or, les jeunes obtiennent une situation stable qu’à 27-28 ans, et à 34-35 ans en Martinique. Il devront attendre leur 67e anniversaire pour bénéficier de la pension à taux plein, calculée sur leurs salaires, souvent très bas en début de carrière.

Un peu comme les ouvriers, l’autre catégorie ayant le plus à craindre de la réforme. Ceux qui ont vécu le chômage ou qui auront été rémunérés longtemps au SMIC devront prolonger leur période d’activité pour espérer une pension correcte. C’est déjà le cas en Martinique. Plus votre salaire est bas, plus vous cessez de travailler tard.

Enfin, la troisième catégorie susceptible d’être discriminée par cette réforme sont les femmes. Elles devraient travailler environ sept mois supplémentaires, contre cinq mois pour les hommes. Les syndicats dénoncent cette inégalité légale. "La réforme, c'est deux ans ferme pour tout le monde et c'est encore pire pour les femmes", s'insurge Béatrice Clicq, de Force Ouvrière, au micro de France Info.

Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a beau prétendre que la pension moyenne des femmes sera revalorisée, d'ici à 2030, de 2,2 %, alors que celle des hommes le sera de 0,9 % seulement, rien n’y fait. L’application mécanique de l’allongement de la durée d’activité pénalisera les femmes, surtout celles qui ont eu moins de trois enfants, soit la majorité d’entre elles.

Le gouvernement précise aussi que les femmes seront plus nombreuses que les hommes à bénéficier de la revalorisation de la pension minimale. Mais les conditions pour arriver à ce plancher  sont drastiques – 43 annuités et salaire au SMIC sans période de chômage.

Dès lors, une question morale se pose : comment se fait-il que la Première ministre, une femme, venue des rangs socialistes en plus, puisse porter une telle distorsion au principe de l’égalité des cityens devant la loi ?

La France étant l’un des États où l’égalité des sexes est la plus avancée peut-elle se permettre cette régression ? A la veille du 8 mars, journée internationale du droit des femmes, chacun  jugera selon son échelle de valeurs.